Certains parlent d'un «film somme», d'autres d'un «film-testament». Il y en a aussi qui disent aussi que Deux jours à tuer est sa meilleure offrande depuis L'été meurtrier (voir critique), ce film noir qui, il y a 25 ans, a contribué à construire le mythe Isabelle Adjani.

«Je ne pensais pas du tout à cela au moment du tournage et je ne perçois pas les choses de cette façon non plus, explique le vétéran cinéaste Jean Becker au cours d'un entretien accordé cette semaine à La Presse. Heureusement d'ailleurs. Car cela m'aurait trop fait mal. À l'âge que j'ai maintenant, il est bien évident que la forme physique n'est plus tout à fait la même, mais j'estime pouvoir encore réaliser quelques films !»

Jean Becker est en tout cas bien conscient de la difficulté à laquelle font face les reporters quand vient le moment de jongler avec les thèmes de son nouveau film. Impossible, en effet, d'aller au coeur du sujet sans dévoiler le dénouement de l'intrigue.

«Je peux toutefois vous dire les raisons qui m'ont poussé à raconter l'histoire de cet homme ayant apparemment tout pour être heureux et qui, subitement, décide de tout détruire, tant dans sa vie professionnelle que personnelle. D'abord, il s'agit d'un parcours assez insolite, assez incroyable. Ensuite, je me suis demandé ce que j'aurais fait, moi à son âge, si j'avais été plongé dans la même situation que lui. Et je ne suis pas certain que j'aurais pu agir de la même façon.»

Dans un premier temps, Becker a fait appel à un scénariste, Éric Assous, pour rendre un peu plus cinématographique le roman de François d'Epenoux, dont ce film est l'adaptation. Du moins, en partie. Car le roman ne constitue, en fait, que la première partie du récit.

«Ce qui est amusant, ajoute le cinéaste, c'est que j'ai ensuite eu l'idée de faire appel à l'auteur lui-même pour qu'il écrive la deuxième partie du film, celle qui n'existe pas dans son roman. Autrement dit, je lui ai demandé de terminer son livre pour le film!»

Jean Becker a aussi pris le pari de filmer cette histoire comme si elle était vue par quelqu'un de l'extérieur, un peu comme s'il était lui-même à la place de tous les personnages que croise le protagoniste de cette histoire.

«Je ne voulais pas me servir de la mécanique du film à suspense même si, au bout du compte, il y en a quand même un, explique Becker. En fait, j'ai simplement choisi de ne pas révéler l'un des éléments de l'intrigue tout de suite. C'est tout. Il se trouve que le dénouement contient une charge émotive très intense. D'où, peut-être, ce parallèle qu'on fait avec L'été meurtrier.

Signalons enfin que le générique de fin défile au son d'une chanson intitulée Le temps qui reste, écrite par Jean-Loup Dabadie et interprétée par Serge Reggiani. Cela n'est évidemment pas un choix innocent, car, aux yeux de Jean Becker, cette chanson fait partie intégrante du récit.

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