Christopher Nolan voulait que The Dark Knight soit un film plus large, plus imposant, plus gros que Batman Begins. Il tenait à ce que, devant l'oeuvre, les spectateurs retrouvent l'impression de grandeur qu'ils ressentaient, enfant, devant l'écran qui leur semblait géant. Pour cela, il a tourné six scènes d'action en IMAX. Elles sont en effet... géantes.

Pour cela aussi, il est allé tourner «sur place» : à Chicago devenue Gotham City, à Hong-Kong restée elle-même et, pour les intérieurs, dans des studios britanniques. Réduisant au minimum les effets spéciaux, «parce que le public les sent. L'impression de réalisme est essentielle pour moi.» Et ce réalisme, il le met sur les épaules d'acteurs qu'il place face à face avec des personnages à plusieurs faces. Bas les masques en leur compagnie.

Bruce Wayne/Batman (Christian Bale)

«Je pense que Bruce Wayne a toujours été persuadé que Batman servirait d'inspiration à Gotham City, aiderait la ville et ses habitants à éliminer le crime. Mais qu'une fois la paix revenue, il pourrait abandonner le personnage qu'il a créé... en partie, pour de mauvaises raisons : à l'origine, il y a son désir de venger ses parents, raconte Christian Bale. Mais dans The Dark Knight, il se rend compte qu'il ne pourra peut-être jamais tourner le dos à Batman.» Ni éliminer la violence qu'il a en lui et que le Joker prend un plaisir sadique à faire enfler. «En chassant le monstre, Batman doit faire attention à ne pas en devenir un lui-même», poursuit l'acteur. «Cela amène d'intéressantes questions à propos de l'éthique et du pouvoir - celui que l'on a et celui auquel on aspire.» Au cas où quelqu'un en douterait, The Dark Knight n'est pas un film léger.

The Joker (Heath Ledger)

«Il n'a jamais été question de faire une histoire des origines avec celle du Joker, ça l'aurait démythifié», indique le coscénariste Jonathan Nolan. «Cette décision nous a permis d'aller loin dans l'exploration de ce personnage tordu, qui n'a pas de but et ne peut donc être compris.

Cet homme, qui possède une force destructrice immense, tire un plaisir vicieux de sa nature meurtrière et joue avec une population entière en s'amusant de ses règles de vie, de son éthique. Et comme tous ses faits et gestes restent du domaine du réalisme, il en résulte un spectacle assez terrifiant», ajoute le réalisateur Christopher Nolan.

«Mais pourquoi revient-il aussi souvent sur son visage abîmé, si ce n'est pas important pour lui? demande Aaron Eckhart. À cause de ça, je n'arrive pas à le voir comme un pur méchant. Pour moi, le Joker a un coeur.»

Harvey Dent/Two-Face (Aaron Eckhart)

«Gotham City est paralysée par la peur. On attend un héros. Il y a Batman, derrière le masque. Il y a Harvey Dent, le nouveau procureur général, qui se lève et oeuvre à visage découvert. Qui veut nettoyer les rues, mettre à bas le crime organisé», fait Aaron Eckhart. Ça, c'est jusqu'à la tragédie. Celle où l'homme de coeur perd le plus important. Éteignant la lumière en lui. Laissant la place, toute la place, à la noirceur.

«Là se trouve un des arcs dramatiques principaux de The Dark Knight, croit Christopher Nolan. Parce que le Joker n'a pas d'arc, il est et reste le même. Harvey, lui, change. Aaron possède le charme avenant du personnage tel qu'il est au début, cet air de bon gars dans lequel on a confiance. Mais il est aussi capable de laisser percer l'ombre ou la faille souterraine nécessaires pour rendre sa transformation crédible.»

James Gordon (Gary Oldman)

«Avec Batman et Harvey Dent, le lieutenant de police James Gordon forme l'espèce de triumvirat qui tente de faire régner l'ordre sur Gotham City», fait Gary Oldman qui ne tarit pas d'éloges pour Christopher Nolan : «L'intrigue de The Dark Knight est extrêmement dense et touffue. Entre les main d'un réalisateur moins talentueux, on pourrait dire qu'elle compte trop de filons.

Chris fait l'absolue différence. Selon moi, il y aura un troisième film et il le réalisera. Cette franchise, c'est son bébé. Et chez Warner Brothers, on sait à présent que s'il est possible de faire passer les «Harry Potter» d'un réalisateur à l'autre (note : l'acteur incarne Sirius Black dans la série inspirée des romans de J.K. Rowling), il faut une vision et une seule pour celle de Batman. Cette vision, c'est maintenant celle de Christopher Nolan.»

Maggie Gyllenhaal (Rachel Dawes)

Je pense que Kathy Holmes est une grande actrice et ça aurait été une erreur pour moi d'essayer de l'imiter», affirme Maggie Gyllenhaal... ne faisant aucune allusion aux critiques unanimement négatives qui ont accueilli la prestation de celle qui l'a précédée dans la peau de Rachel Dawes.

Lorsqu'elle a rencontré le réalisateur Christopher Nolan, «le personnage n'était pas encore complètement établi dans le scénario et il m'a invitée à faire des suggestions. J'ai senti que je pouvais l'alimenter et je me suis sentie appelée dans cette aventure», dit celle qui fait ici un grand pas vers le cinéma commercial.

Un bonheur : «J'aime le cinéma indépendant mais je ne veux pas faire que des films pour 100 personnes qui pensent comme moi. Je veux en faire pour des gens qui ne sont pas d'accord avec moi, que je peux confronter et, peut-être, faire changer d'idée.»