La taille importe peu, pourraient dire les fondateurs de Rodeo FX, une boîte spécialisée dans les effets spéciaux, fondée en 2006 par Sébastien Moreau et Mathieu Raynault. Avec une quinzaine d'employés à son actif, Rodeo FX participe aux films de géants du cinéma américain (Steven Spielberg) ou européen (Jaco van Dormael) à partir de Montréal.

Rodeo FX n'a pourtant pas comme ambition de s'étendre, maintenant, tout de suite. «Il y a souvent des opportunités où l'on peut être tentés de dire oui pour avoir le contrat et d'engager 25 personnes», reconnaît Sébastien Moreau. «Beaucoup d'entreprises ont coulé parce qu'elles voulaient devenir trop grosses», dit Mathieu Raynault.

En deux ans d'existence, Rodeo FX peut se vanter d'avoir mis la main à du lourd: les films Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull, Mr Nobody, Death Race, The Golden Compass et les photographies d'Annie Leibovitz pour la dernière campagne très people de Disney.

Implantée au coeur de Montréal, l'équipe créative de Rodeo FX a aussi planché sur plusieurs films québécois. «De plus en plus de films ont des effets cachés. On a rencontré Falardeau, Canuel. Ce n'est pas notre marché au niveau commercial, mais c'est génial de contribuer à ça», estime Matthieu Raynault.

Autre motif de réjouissance, le contact avec les réalisateurs se crée naturellement quand ceux-ci sont québécois ou européens. «Jaco van Dormael - le réalisateur de Mr Nobody - était ici: ça, ça n'arrive pas avec les États-Unis. Spielberg ne viendra pas ici», souligne Mathieu Raynault.

Mathieu Raynault et Sébastien Moreau connaissent bien les grosses fabriques de rêves américaines. Tous deux ont travaillé plusieurs années chez Industrial Light&Magic (ILM), la société de George Lucas. Sébastien Moreau a ensuite travaillé en Nouvelle-Zélande pour la célèbre Weta Digital (Night at the Museum).

De Star Wars à Matrix en passant par The Lord of the Rings, les deux jeunes entrepreneurs alignent dans leur CV d'impressionnantes références. Pourtant, les deux jeunes hommes n'ont pas hésité à revenir à Montréal. «C'est le rêve, de continuer à travailler sur ces productions tout en profitant du talent des gens d'ici», croit Sébastien.

De leurs voyages aux États-Unis, Sébastien et Mathieu ont ramené une alliée de poids, la productrice américaine Nina Fallon, rencontrée pour Star Wars II. «Il y a beaucoup de Montréalais chez ILM. Ça a éveillé ma curiosité et maintenant, je travaille ici», dit-elle, tout simplement.

«Il y a bien, à Montréal, un vivier de talents. Je pense qu'en effets spéciaux, c'est l'une des bonnes villes avec Londres, Los Angeles et San Francisco. Il y a des talents énormes», explique-t-elle, dans un français coloré par l'accent anglais.

Rodeo FX a des commandes pour les prochains mois, assurent ses trois dirigeants. Face aux concurrents montréalais, Sébastien et Mathieu croient se démarquer grâce à leurs «contacts et expériences aux Etats-Unis».

La disparition de l'un des leaders du genre à Montréal, Météor Studios, ne leur fait pas peur, mais les dirigeants de Rodeo FX veulent prendre le temps de grandir. «Nous sommes comme une boutique de haute couture, avec des artistes triés sur le volet», dit Mathieu Raynault.

Site internet de Rodéo FX: www.rodeofx.com