Dans Un été sans point ni coup sûr, Patrice Robitaille incarne un homme qui tente de composer avec les bouleversements sociaux en se rapprochant de son fils et en essayant de suivre l'évolution de sa femme.

Depuis qu'il a commencé à assurer la promotion d'Un été sans point ni coup sûr, Patrice Robitaille est un peu surpris par la réaction qu'ont bien des baby boomers à son égard. «Des gars viennent me dire qu'ils auraient aimé avoir un père comme moi! Tout ce que je peux dire, c'est merci!»

Charles, le père du jeune héros du film, est un homme bien de son temps. C'est dire qu'en cette année 1969, il a du mal à composer avec l'évolution ambiante, notamment sur le plan des rapports hommes-femmes.

«En tant qu'acteur, c'était un beau défi, commente Robitaille. D'autant que le rôle est un peu différent de ceux qu'on me propose habituellement. Charles était intéressant à jouer parce que le personnage a une belle courbe dramatique. Même s'il est très à l'aise dans sa position de protecteur et de pourvoyeur, il n'a pas le choix de bouger parce que sa femme est en pleine ébullition. Et son fils a besoin d'une attention paternelle différente. Ce qui est formidable avec lui, c'est que Charles a la sensibilité de le reconnaître.»

L'acteur a aussi ajouté une dimension supplémentaire pour composer son personnage. «Clairement, sa femme est trop hot pour lui et il le sait très bien. Il sent qu'il doit s'adapter s'il ne veut pas la perdre. Il y avait de belles choses à aller chercher sur le plan humain.»

Cela dit, Robitaille a dû trouver des points d'ancrage à l'extérieur du récit, son parcours personnel n'étant pas du tout similaire à celui qu'emprunte le jeune héros.

«D'abord, je suis né après l'époque qui est décrite dans le film. Ensuite, j'étais de ceux qui faisaient l'équipe! En revanche, l'aspect des relations père-fils à travers une activité sportive brassait plein de choses en moi. J'ai vécu moi-même des choses très fortes sur ce plan parce que j'ai beaucoup joué au hockey et au baseball. Je ne pourrais plus compter le nombre d'heures que j'ai passées dans la voiture avec mon père à discuter de la partie qu'on venait de gagner ou de perdre. Cela crée des liens hyper forts, hyper importants. Ce sont des moments privilégiés.»

Dû à une «puberté tardive», Robitaille s'est retrouvé pendant un moment - difficile à croire mais vrai - à être le plus petit des préados de son âge. Ainsi, il n'a jamais pu exercer sa passion de façon plus sérieuse. «À l'âge de Pier-Luc, je rêvais d'être un joueur de hockey ou de baseball. L'idée d'être acteur ne m'effleurait même pas l'esprit. Il est certain que j'ai été déçu le jour où j'ai dû me rendre compte que mon rêve ne se réaliserait pas. J'aurais aimé avoir la chance de m'essayer dans un vrai contexte compétitif avec mon corps d'adulte. Cela dit, je joue encore régulièrement à la balle molle. J'ai besoin du type bien particulier de camaraderie qui est associé au sport.»

Patrice Robitaille achève ces jours-ci le tournage du premier film de Ken Scott Les doigts croches. La deuxième saison des Boys et la troisième des Invincibles figurent aussi au programme. Dès le 4 novembre, il montera sur les planches du TNM pour défendre Le retour d'Harold Pinter dans une mise en scène d'Yves Desgagné.

«Il y avait longtemps que je n'avais pas fait de théâtre. Je suis super heureux qu'Yves ait pensé à moi», conclut ce diplômé du Conservatoire d'art dramatique de Montréal.