Si tous les amateurs de sport du monde auront bientôt les yeux tournés vers Pékin, les adeptes des films de genre chinois portent actuellement beaucoup d'intérêt à une exposition qui se tient à la cinémathèque québécoise. Cinquante affiches de films hongkongais réalisés entre les années 60 et 2000 sont réunies pour la première fois au monde... grâce à un passionné de Toronto.

Sans être un cinéphile averti, on reconnaît facilement les films hongkongais, ne serait-ce que par leurs affiches. Couleurs criardes, personnages aux regards menaçants et aux bras musclés, et titres fleuves, elles sont une institution à elles seules.

Pour la première fois, 50 de ces oeuvres sont exposées côte à côte, à un autre endroit que sur le fronton d'un cinéma. Si certains les trouvent kitch, d'autres voient en elles l'expression d'un génie pictural unique.

«Quand je suis arrivé dans la salle, j'ai été bouleversé. C'était tellement splendide de les voir affichées ensemble pour la première fois», dit Colin Geddes.

En plus de son travail comme programmateur au Festival international du film, ce Torontois collectionne depuis 15 ans les affiches de films hongkongais. À moindre frais.

«Un jour de 1993, je passais devant un cinéma du quartier chinois de Toronto qu'on allait détruire. J'ai aperçu à l'intérieur du hall de nombreuses boîtes remplies de posters de films. Elles allaient être jetées. J'ai contacté les propriétaires et je leur ai dit que j'étais intéressé à les récupérer. Ils étaient très surpris de ma demande, car à leurs yeux, ces affiches n'avaient aucune valeur.»

Mais pour lui, elles constituent des «morceaux d'histoire du cinéma international» qu'il faut sauver de l'oubli.

Dans les années 70, de nombreux cinémas des quartiers chinois de Toronto et Montréal programmaient des films de Hong Kong. Mais avec la concurrence des cassettes vidéo et des DVD, la plupart ont fermé leur porte. Au grand bonheur de Colin Geddes.

À force de fouiller les poubelles, il a récolté à ce jour plus de 2000 affiches.

Selon lui, personne d'autre au monde ne dispose d'une telle collection, à part peut être la Hong Kong Film Archive. «Si vous allez à Hong Kong, vous ne pourrez pas trouver de magasin qui vend ce genre d'affiches. Vous trouverez seulement des cartes postales de film.»

Il explique cela par l'humidité tropicale qui règne dans cette ancienne colonie britannique, empêchant la conservation du papier. Également, la pression immobilière y est telle que «personne n'a un appartement suffisamment grand pour les entreposer».

Et bien qu'il ait développé cette passion par accident, il possède aujourd'hui une rare expertise dans le domaine. Il estime notamment que la tendance à délaisser les dessins au profit des photos est «malheureuse».

«Les affiches illustrées ont tellement plus d'énergie et de vitalité que les simples shots d'un acteur. Elles promettent bien plus d'excitation et de frisson que de simples photos.»

Grâce à la médiatisation de cette exposition, des producteurs et réalisateurs de Hong Kong ont eu vent de la collection de Colin Geddes. «Des discussions ont lieu en ce moment avec eux pour que j'y expose mes affiches», conclut-il avec fierté.

Kung fu, gangsters, etc. À la cinémathèque québécoise jusqu'au 7 septembre 2008. Entrée gratuite.