Tout est parfait a été reçu de manière quasi unanimement positive. Par la critique et par ceux qui ont... osé aller voir en salle ce film portant sur un sujet difficile, le suicide chez les adolescents, mais traité de manière impeccable - dans les mots, qui sont ceux de Guillaume Vigneault; et dans la manière de faire, qui est celle d'Yves Christian Fournier. L'oeuvre sera lancée, mardi, en DVD. L'occasion d'en reparler avec le réalisateur.

Q : Au moment de la sortie de Tout est parfait, la Régie du Cinéma lui a donné la cote 16 ans et plus, l'interdisant du coup aux 15 ans même accompagnés d'un adulte. La sortie du DVD doit revêtir pour vous une importance particulière, parce que les ados auront la possibilité de voir le film?

R : Je suis toujours divisé quant à cette question parce que je suis un tenant du cinéma. Le DVD ne peut rendre la qualité du son et de l'image telle que nous l'avons travaillée. J'ai donc un pincement au coeur à l'idée de laisser aller des «versions alternatives» que j'aime moins. Mais il est vrai que le film va connaître une deuxième vie avec le DVD et ça, c'est bien. Je pense que des gens à qui le sujet faisait peur vont plus facilement se risquer à le voir chez eux. Et, bien sûr, les jeunes qui le désirent vont y avoir accès.

Q : Paradoxalement, des adolescents d'ailleurs dans le monde ont, eux, pu assister à des projections en salle de Tout est parfait...

R : Oui. C'était le cas récemment, au Festival de Giffoni, en Italie. La réaction a été très bonne... mais ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus. Ce qui m'intéresse, ce sont les discussions que le film a suscité plus tard, entre les jeunes, et entre les jeunes et leurs parents. La course destination monde m'avait habitué aux vies imprévisibles que les films peuvent avoir après «consommation». C'est là que ça devient fascinant. On ne peut pas savoir ce qu'une oeuvre peut provoquer, et on est surpris par les échos qui nous reviennent et nous montrent la puissance que peut posséder un travail d'expression.

Q : Depuis qu'il a ouvert les Rendez-vous du cinéma québécois, Tout est parfait a beaucoup voyagé... et vous aussi, non?

R : En effet. Juste au cours du mois prochain, je vais au Mexique, à Séoul, au Danemark, en Belgique, en Californie, à Vienne. Le film prend l'affiche cet automne en Belgique. Il y aura aussi bientôt la Hollande, la Suisse et la Turquie. La France, c'est pour le 9 janvier.

Q : Avec tout ça, pensez-vous toujours déposer en novembre le scénario auquel vous travaillez avec Jonathan Harnois?

R : Ça commence à ressembler à un sprint et... je pense que mars est plus probable.

Q : On retrouve plusieurs suppléments sur le DVD, dont le making-of de la séquence d'animation qui ouvre le film, le clip de Loco Locass pour la chanson-thème, et un commentaire audio. Avez-vous eu votre mot à dire là-dessus?

R : Je suis heureux que le vidéoclip de Loco Locass soit là. Heureux aussi du making-of de l'animation, parce que Mandarine 24 a vraiment fait du beau travail. Quant au commentaire audio, au départ, je ne voulais pas le faire. Puis, je me suis laissé convaincre: je savais que si Guillaume était là, j'allais m'amuser. Mais je n'aime pas l'idée de tout expliquer. La beauté d'un médium est de créer, à partir d'un rêve, d'une intuition, des choses dont on ne connaît pas toute la signification. La résonance que cette intuition va avoir chez les gens lui donne sa raison d'être. Cela dit, si, à travers ce commentaire, on sent le plaisir que nous avons à écrire le film, je suis content.