«Si les Têtes à claques obtiennent du succès, pourquoi pas le personnage de Benoit Roberge?» C'est la question que se posait Raphaël Malo, le réalisateur du film Le cas Roberge, en salles vendredi. Il venait alors d'essuyer un refus pour un projet de télésérie avec, en vedette, Benoit Roberge, un scripteur aux amours foireuses qui s'interroge sur sa place dans la vie et croit trouver la réponse en allant à Rouyn-Noranda sur la trace du cinéaste Jean-Luc Godard.

«Le hasard a voulu qu'au moment où nous soumettions notre projet (en 2003), Stéphane Bourguignon présentait lui aussi un pilote à la trame similaire, Tout sur moi», décrit Raphaël Malo dont c'est le premier long métrage. Benoit, Jean-Michel (Dufaux) et Stéphane (E. Roy) obtiendront plutôt de l'aide à l'écriture d'un projet de film avec le même personnage. «Pendant l'attente du financement du projet de film, Benoit et moi avons eu l'idée de prendre le personnage de Roberge et de l'adapter pour des capsules sur le Web (lecasroberge.com).»

Benoit Roberge est devenu un phénomène Internet. En un an et deux mois, plus de deux millions de téléchargements des fameuses capsules seront comptabilisés. Par exemple, Roberge, ce mec «ordinaire» qui drague, se convertit au végétarisme pour une histoire de sexe et avoue à Marie Plourde son obsession des pieds nus au printemps. «Dans le net, nous nous devions d'être plus «punchés» tandis que dans le film, le jeu de Benoit est moins théâtral, plus défini. Il pense moins au sexe. Sur un écran de 40 pieds, on n'est pas obligé de jouer aussi gros. Les gars ont des conversations sans trop de filtres comme les filles de Sexe à New York

S'il craignait un cadre lourd, le réalisateur a été agréablement surpris de pouvoir préserver la spontanéité de leur noyau, une gang de gars liés par une amitié sincère avec au centre, un Benoit qui a besoin de s'évader. Pour «créer, il va proposer d'aller en Suisse, au Mexique. Pour aller boire et draguer», ajoute-t-il avec une pointe d'humour. Dans ce jeu de vrai et de faux, le cinéaste précise la nature calme dans la vie de Jean-Michel Dufaux, converti dans le film en «guide spirituel» de ses amis, dont l'animateur Sébastien Benoît dépeint avec ironie comme un visage à deux faces. «Tout est fait avec un brin d'humour.»

Se moque-t-il vraiment de la télé «formatée» dans le film? «À la télé, tout est instantané. Ce qui nous amène à rire parfois du manque de recul et de créer des mises en scène ridicules que Benoit, chroniqueur dans le film, exècre.» D'ici son prochain film, une oeuvre qu'il voudrait très personnelle, Raphaël Malo prépare État critique, une nouvelle émission diffusée à Musique Plus... sur la critique.