Après un premier tiers d'assez belle tenue, marqué notamment par la présentation du très beau film de Benoît Pilon Ce qu'il faut pour vivre, la compétition a connu hier son premier vrai creux de vague.

En tout premier lieu, il convient de signaler que la poignée de spectateurs ayant assisté hier matin à la présentation de Selda (Le prisonnier) a eu droit à une projection indigne d'un festival de cinéma qui se respecte.

Le drame carcéral philippin, coréalisé par Paolo Villaluna et Ellen Ramos, deux inconnus, a été projeté en vidéo (support Betacam numérique, nous a-t-on précisé plus tard), laissant ainsi défiler des images fades et sans aucune texture. Et atrocement laides.

Le constat est d'autant plus ironique qu'une citation reprise dans le catalogue, tirée d'un blogue philippin, vante les mérites d'une direction photo «simplement belle et intelligente»... Ah bon?

Nous aurions peut-être pu passer outre (et encore, cela n'est pas sûr) si l'oeuvre proposée avait transcendé sa mauvaise qualité technique, mais non. Selda accumule les poncifs en tous genres à travers un récit bancal et prévisible, dont l'ambition est de faire vivre au spectateur l'horreur de la vie en prison.

Condamné pour avoir accidentellement causé la mort d'un jeune garçon, un jeune homme sensible commence à purger sa peine avec la peur au ventre. Les mises en garde du directeur à l'arrivée n'ont rien de rassurant non plus. Partageant sa geôle avec plusieurs autres détenus, Rommel (Michael de Mesa) doit apprendre très vite les codes régissant le monde carcéral afin de survivre dans ces conditions difficiles.

Plutôt beau mec, le jeune homme fera évidemment l'objet de bien des convoitises. Promiscuité sexuelle et violences en tous genres sont au rendez-vous. Le «maire» de sa cellule - on désigne ainsi les détenus qui ont un ascendant sur leur groupe - tentera de protéger Rommel contre le harcèlement dont il est victime de la part de certains autres prisonniers.

On cherche en vain un prétexte, une ligne directrice. Le récit est plaqué. Les coréalisateurs tentent de donner un peu de profondeur à l'ensemble en évoquant les relents d'une vie antérieure mais abandonnent plusieurs pistes en cours de route. Le dénouement frôle par ailleurs le ridicule. Une vraie perte de temps.

Atmosphère, atmosphère...

Malgré la meilleure volonté du monde, force est de constater que le FFM manque singulièrement d'atmosphère encore cette année. Le Quartier latin est un peu plus animé (l'hommage à Tony Curtis a été rendu samedi dans une salle à moitié vide, cela dit), mais les films de la compétition sont projetés devant des salles clairsemées, principalement fréquentées par des spectateurs fidèles, les mêmes qu'on retrouve d'une année à l'autre.

Cette dévotion de ces amoureux du FFM est bien entendu honorable. Mais le grave problème de renouvellement du public, auquel ce festival fait face depuis quelques années, ne semble pas en voie d'être résolu.

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Selda (Le prisonnier), de Paolo Villaluna et Ellen Ramos. Aujourd'hui à 14 h à l'Impérial.