Les festivaliers qui suivent la compétition mondiale commencent à déprimer. Bien que la sélection ait été d'assez belle tenue au cours des premiers jours, les productions allant du simple «correct» au «complètement inutile» se succèdent maintenant à la queue leu leu. La plupart de ces films tomberont d'ailleurs très vite dans l'oubli.

Et ça ne s'est pas arrangé hier avec la présentation de Your Name Here, seule entrée américaine dans cette compétition. D'autant plus qu'encore une fois, la projection vidéo fut de bien piètre qualité hier matin, le cinéma Impérial n'étant, semble-t-il, pas doté de l'appareillage adéquat. L'équipe technique fait bien ce qu'elle peut avec ce qu'on lui donne salutations aux projectionnistes, dont le boulot est colossal mais à l'impossible, nul n'est tenu. Pourquoi diable sélectionner ces oeuvres-là en compétition?

Il n'est toutefois pas dit que le premier long métrage de Matthew Wilder, qui a beaucoup travaillé au théâtre, aurait été mieux accueilli, même avec une copie 35 mm projetée de façon impeccable. Mettant en vedette Bill Pullman, cette «biographie» déjantée relate les délires d'un auteur de romans de science-fiction, prisonnier du monde qu'il invente. À défaut d'être originale, l'idée de départ aurait quand même pu se prêter à un essai sur la création. Wilder préfère tout mêler dans un univers un peu trash. Son film se transforme en une sorte de fourre-tout qui, très rapidement, sombre dans le n'importe quoi. Avec, à la clé, ces inévitables révélations spirituelles dont on peut deviner la nature des années-lumière à l'avance. Allô? Dieu?

Atmosphère troublante

Les bobines de Lluvia (Rain) sont finalement arrivées d'Argentine avec quelques heures de retard. La première projection a dû être annulée, mais les autres ont lieu comme prévu. Deux projections supplémentaires ont d'ailleurs été inscrites au programme. La réalisatrice Paula Hernandez pique la curiosité en entraînant d'entrée de jeu le spectateur dans un contexte très particulier. C'est le soir. Des pluies torrentielles s'abattent en continu sur Buenos Aires depuis trois jours. Une femme est coincée dans un embouteillage qui semble s'étirer pour une durée indéfinie. Les nerfs sont à vif. On ne sait pas ce qui se passe, ni quelle est la cause de cette congestion monstre. Des coups de tonnerre se font entendre (on dirait parfois des coups de feu); des gens sortent et rentrent dans les voitures; une violence sourde semble poindre à l'horizon. Puis, un homme force son entrée dans la voiture de la femme lorsque cette dernière ouvre sa portière à l'improviste.

On saura très vite que cette atmosphère troublante n'a finalement rien à voir avec les thèmes que compte aborder la réalisatrice. Plutôt que de miser sur le caractère intriguant de sa mise en place, Hernandez, qui, après Herencia et Familias Lugones, signe ici son troisième long métrage, préfère explorer une histoire beaucoup plus convenue. La rencontre fortuite d'un homme et d'une femme qui, tous deux, en sont à un point charnière de leur existence. Or, cette rencontre n'est pas traitée de façon assez originale pour véritablement laisser sa marque dans les esprits. Le style et les belles images (ce film est techniquement au poil) ne parviennent malheureusement pas non plus à masquer l'absence de charisme des personnages. Dommage.

Your Name Here de Matthew Wilder. Aujourd'hui à 19h au Cinéma Impérial. HH Lluvia (Rain) de Paula Hernandez. Aujourd'hui 19h20 au Quartier latin; Demain à 21h30 au Cinéma Impérial; Lundi 1er septembre 12h20 au Quartier latin. HH 1/2