Une rupture amoureuse conduit une femme au bord de la folie dans L'autre de Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic, la deuxième oeuvre française en compétition à la 65e Mostra de Venise, dimanche, où a également été présenté le dernier film d'un maître de l'animation, le Japonais Hayao Miyazaki.

En proie à une crise de démence sans sa salle de bains, une femme se donne un violent coup de marteau sur la tête.

Il s'agit d'Anne-Marie (Dominique Blanc en blonde), une assistante sociale divorcée de 47 ans, qui vit dans la banlieue parisienne.

Quelques semaines plus tôt, elle a quitté Alex (Cyril Gueï) son amoureux qui voulait vivre en couple, car elle ne rêve plus que «de liberté».

Pourtant, lorsqu'il entame une liaison avec une autre femme, Anne-Marie sent monter en elle une jalousie dévastatrice qui lui fait perdre la raison.

Adapté de L'occupation, un roman d'Annie Ernaux, L'autre introduit dans ce drame intime un troisième personnage, omniprésent : l'univers urbain.

Survolée au cours d'un plan nocturne filmé en hélicoptère au début du film, la ville est d'emblée oppressante, une sensation renforcée en permanence par la bande son, où dominent sons stridents, bruits métalliques et électroniques.

Froide avec ses lieux de transit déshumanisés - galeries commerciales, halls d'immeubles -, tentaculaire avec ses réseaux routiers sans fin, la ville est un lieu d'aliénation, nous disent à chaque plan les coauteurs, le réalisateur Patrick Mario Bernard et le scénariste Pierre Trividic.

La photographie accentue le côté glacial de cet univers avec une palette de couleurs éteintes où dominent le gris et des éclairages blafards à profusion.

Des scènes filmées au téléobjectif, afin de donner un aspect «volé» aux images et un montage rapide contribuent à créer une tension constante.

Mais ce dispositif très démonstratif, qui sert un point de vue univoque sur le personnage d'Anne-Marie - bien que niée par l'intéressée, sa solitude de femme mûre est immense, son désarroi ne peut qu'aller en grandissant - tend à lasser.

En outre, l'invraisemblance de certains détails étonne.

Bien qu'exerçant la profession mal payée d'assistante sociale - et non d'écrivain comme dans le livre d'Annie Ernaux -, l'héroïne ne fréquente que des amis très bourgeois, une boutique de luxe et des restaurants cossus.

L'autre est le deuxième long métrage de fiction tourné par le duo, par ailleurs coauteurs de plusieurs téléfilms, cinq ans après Dancing.

«Nous avions un désir très ancien de travailler avec Dominique Blanc. Chaque jour, à chaque minute de l'adaptation, nous pensions à elle», a déclaré Pierre Trividic à la presse.

Très attendu, Ponyo on the cliff by the sea, du Japonais Hayao Miyazaki, 67 ans, raconte l'amitié entre Sosuke, cinq ans, et le poisson rouge que celui-ci a retrouvé à l'étroit dans un petit bocal, sur la plage.

Doté de pouvoirs magiques mais prisonnier d'un mage qui vit au fond des océans, Ponyo refuse son destin de poisson et devient une petite fille pour rejoindre Sosuke.

Insulté, l'océan se venge en provoquant un tsunami.

Récompensé en 2005 d'un Lion d'or pour 25 ans d'une carrière jalonnée de chefs-d'oeuvre - Porco Rosso (1992), Princesse Mononoke (1997), Le voyage de Chihiro (2001) -, Miyazaki s'est ici inspiré du célèbre conte d'Andersen La petite sirène.

Si l'on retrouve la féerie de son univers, les thèmes universels (la guerre, l'harmonie avec la nature) d'ordinaire traités par Miyazaki sont absents.

Reste un joli conte pour enfants, ce qui n'en fait pas un candidat pour le Lion d'or, estimait-on dimanche.