Le jury du 32e FFM, présidé par le cinéaste américain Mark Rydell, a attribué hier soir le Grand Prix des Amériques à Okuribito (Départs). Ce film japonais, réalisé par Yojiro Takita, se distingue notamment par cette façon d’aborder la mort – et ses rites funéraires – sur le ton de la comédie dramatique. Marqué par des effets trop appuyés dans sa seconde partie, ce film fascine et émeut néanmoins. Et laisse une impression de très grande beauté.

Deux films québécois figurent par ailleurs sur le palmarès officiel. D’abord, Ce qu’il faut pour vivre, l’une des entrées les plus solides de la compétition, obtient le Grand Prix spécial du jury. Ce très beau drame de Benoît Pilon (Roger Toupin, épicier variété), qui relate l’exil intérieur d’un Inuit parti se faire soigner dans un sanatorium de Québec dans les années 50, a aussi été plébiscité par le public. Et deux fois plutôt qu’une. Pilon est en effet reparti avec le prix du film canadien le plus populaire, de même que le prix du long métrage le plus populaire.

«Mon désir le plus grand est que ce film puisse s’adresser à tous les publics, a déclaré le cinéaste québécois. Ce tournage fut un grand bonheur, malgré le fait que nous n’étions pas du tout dans le grand confort». Benoît Pilon a aussi tenu à rendre hommage à son interprète principal, Natar Ungalaaq, à qui le prix d’interprétation a finalement échappé.

Le très ingénieux film d’animation Le noeud cravate, réalisé par Jean-François Lévesque (produit par l’Office national du film), a de son côté enlevé le premier prix dans la catégorie des courts métrages. «Ça va me donner une bonne raison de fêter! a lancé le jeune cinéaste sur la scène du Théâtre Maisonneuve. Mais ça fait déjà six jours que je fête!»

Pour les autres récompenses, le jury a puisé dans les quelques autres titres qui circulaient dans les pronostics. Il a aussi su créer la surprise, en accordant notamment le prix d’interprétation masculine à Eri Cañete, le tout jeune protagoniste du Voyage de Teo, une production mexicaine autrement peu remarquable. En revanche, Barbara Sukowa, l’héroïne de L’invention de la saucisse au curry, réalisé par Ulla Wagner, fut sacrée meilleure actrice. Dans le rôle d’une femme mûre qui tombe amoureuse d’un homme beaucoup plus jeune alors que la capitulation de l’Allemagne est inévitable, l’égérie de Fassbinder est magnifique.

Turneja (La tournée), du Serbe Goran Markovic, a par ailleurs reçu le prix de la mise en scène. Le prix du scénario est allé ex-aequo à Bienvenido a Farewell-Gutmann, fable cruelle sur le monde du travail réalisé par l’Espagnol Xavi Puebla, et à Nobody to Watch Over Me de Riyoichi Kimizuka Ce film policier japonais, présenté lors du dernier jour de la compétition, aborde des thèmes intéressants, notamment la justice populaire par le biais de l’internet.

Varg (Le loup), du Suédois Daniel Alfredson, et Tout commence à la mer, de l’Israélien Eitan Green ferment la marche avec le prix de la meilleure contribution artistique et le prix de l’innovation.

La cérémonie, animée par Danièle Cauchard, s’est terminé par le petit laïus traditionnel de Serge Losique. Sur un ton moins triomphant qu’à l’accoutumée, le grand manitou a souligné le «grand succès» qu’a connu cette 32e édition, de même que le caractère «unique, nécessaire, et même éternel» de son festival. Il a aussi donné rendez-vous aux cinéphiles montréalais pour le 33e FFM, qui se tiendra du 27 août au 7 septembre 2009.

Peu d’invités sont restés pour la présentation de Home, le film de clôture mettant en vedette Isabelle Huppert.