Les performances décevantes de récents films québécois au grand écran suscitent des interrogations chez les dirigeants du distributeur Alliance Vivafilm, le plus important de la province.

« Il y a un défi, c’est clair que l’on se pose des questions, quand on regarde certains films québécois, on a besoin de savoir pourquoi ils ne fonctionnent pas à leur plein potentiel », explique le président d’Alliance Vivafilm, Patrick Roy.

Depuis le début de l’été, à l’exception notable de Cruising Bar 2 (qui a réalisé plus de 3,4 millions de recettes), aucun film québécois n’a atteint le million au box-office. Du côté des films distribués par Alliance, si Un été sans point ni coup sûr de Francis Leclerc dépasse 700 000 $ de recettes, Le piège américain de Charles Binamé ou encore Le cas Roberge de Raphaël Malo ont connu des résultats très mitigés (442 000 $ et un peu moins de 40 000 $).

«C’est un questionnement qui se pose à tous les membres de l’industrie. Je n’ai pas de réponses à ça. On a contribué, chez Alliance, aux bons résultats du cinéma québécois. On a été au centre de tout ce qui s’est passé au cinéma québécois dans les années 2000. On doit maintenant s’interroger sur ce qui se passe et sur nos solutions», dit-il.

L’an dernier, les succès du film Les 3 p’tits cochons, distribué par Christal, ou de Nitro, distribué par Alliance, ont caché la désaffection du public pour les films québécois en général. Le même phénomène a aussi été observé il y a deux ans, avec le succès monstre de Bon Cop, Bad Cop, soutient Patrick Roy.

Malgré ce désintérêt relatif pour le cinéma québécois, Alliance a soumis sa candidature pour faire l’acquisition de films en production du catalogue de Christal Films, un distributeur placé sous la protection de la loi sur les arrangements avec les créanciers. Ces films ont toutefois été attribués à Séville, un nouvel acteur en pleine croissance. Bon joueur, Patrick Roy n’y voit pas de menace pour Alliance. «L’avenir nous dira si on a fait une bonne ou une mauvaise affaire », dit-il.

En fait, Alliance Vivafilm dit ne pas craindre la compétition avec le propriétaire de Séville, Entertainment One, un distributeur et producteur canadien qui a acquis plusieurs compagnies au pays. «Au Québec, le marché est très compétitif. On a toujours vécu avec la compétition» estime Patrick Roy.

Alliance a par ailleurs annoncé hier trois nouveaux partenariats avec des compagnies américaines, les sociétés de financement Relatively Media et Grosvenor Park ainsi que le distributeur indépendant Freestyle Releasing. Aussi, son partenariat avec New Line (Sex and The City, Journey to the Center of the Earth), qui devait s’achever à la fin de l’année, est prolongé pour une année.