Roman Polanski, réalisateur chéri et haï de part et d'autre de l'Atlantique, a inspiré à Marina Zenovich un documentaire sur un épisode judiciaire américain digne d'un épisode de feuilleton. Point de départ de ce Roman Polanski: Wanted and Desired, le procès du réalisateur, en 1977, pour avoir eu des relations sexuelles avec une mineure.

Dans les années 60, Roman Polanski est devenu, en quelques films, un réalisateur abonné aux succès critiques et publics. L'assassinat en 1969 de Sharon Tate, sa femme, puis son procès, en 1977, pour avoir eu des relations sexuelles avec un jeune mannequin âgé de 13 ans, assènent un sérieux coup à sa réputation. En 1977, il quitte les États-Unis, pour ne jamais y revenir.

En 2003, l'affaire revient dans les journaux grâce à un film de Polanski, Le pianiste, alors prétendant sérieux à l'Oscar du meilleur film. Alors que les journaux se demandent si le cinéaste pourra revenir aux États-Unis pour la cérémonie, sa victime lui pardonne publiquement les actes commis trois décennies plus tôt.

«Je me suis dit qu'il fallait vraiment que je fasse un film quand son avocat a dit, au Larry King Show, que le jour où Roman Polanski a pris un avion pour la France est un jour honteux pour le système judiciaire américain. Cela n'avait aucun sens pour moi!» raconte Marina Zenovich, qui a consacré son précédent film à l'homme politique et homme d'affaires français non moins controversé Bernard Tapie.

Quelques coups de fil la mettent en contact avec les acteurs clés de ce dossier: la victime, Samantha Geimer, son avocat, Lawrence Silver, l'avocat de Polanski, Douglas Dalton, et le procureur Roger Gunson. «Tout le monde a été difficile à convaincre, dit Marina Zenovich. L'avocat de Polanski a été le plus difficile à convaincre: il n'a jamais compris pourquoi les gens s'intéresseraient à ça.»

Dans Roman Polanski: Wanted and Desired, Marina Zenovich démêle les fils de ce dossier juridique exceptionnel à plus d'un titre. D'abord par la personnalité de l'accusé et par la nature du crime. Ensuite, parce que le juge responsable du dossier, le vindicatif Laurence J. Rittenband, aujourd'hui mort, était lui-même en quête de célébrité.

«Cette histoire est entourée de toute une mythologie sensationnaliste. Parce que c'est un crime sexuel, parce que c'est Roman Polanski, parce qu'il a fui le pays. Ces manchettes ont toujours pris le dessus sur toute autre information sur le dossier. Le film n'excuse d'aucune façon Polanski, mais c'est juste un documentaire pour dire ce qui est arrivé, exactement pourquoi il a pris l'avion», explique Marina Zenovich.

Présent grâce à ses films

Polanski lui-même a mis trois ans avant d'accepter de rencontrer la réalisatrice, et n'a jamais accepté d'apparaître dans le film. «Je crois qu'il n'aime pas parler de cette histoire. Mais il donnait pourtant son accord aux gens pour qu'ils me parlent. De toute évidence, c'est la meilleure chose qui pouvait arriver au film.»

Le cinéaste est présent, notamment à travers les nombreuses archives présentées dans le film, mais aussi grâce à ses propres films (Rosemary's Baby, Chinatown pour les plus connus). «Parce que je ne pouvais pas l'avoir, je voulais avoir des images, je voulais m'amuser. C'est un réalisateur et ce serait une erreur de ne pas montrer les images de ses films.»

La musique des films de Polanski revient aussi dans le documentaire. On entend Rosemary's Lullaby d'abord dans sa version originale, puis, à la fin du film, dans la version d'Emmanuelle Seigner, la femme de Polanski depuis 18 ans. «Avoir sa femme qui chante la pièce qui ouvre le film, boucle la boucle!» estime Marina Zenovich.

Roman Polanski: Wanted and Desired est présentement à l'affiche en version anglaise.