Le coup de foudre a été immédiat. En quelques secondes à peine, le charme contagieux et le sourire lumineux de Rachel Weisz ont inondé la petite chambre d'hôtel où l'actrice, moulée dans une robe Hervé Léger vintage, discutait de son dernier projet, l'étrange film The Brothers Bloom.

Regard perçant et sens de la répartie aiguisé comme le couteau de Ricardo, Rachel Weisz a été craquante. Dans ma tête, je l'ai même rebaptisée Edelweiss, oui, comme la fleur en forme d'étoile. Malheureusement pour l'actrice britannique, elle a cependant été soumise à un barrage de questions assez insipides. Les voici, en vrac. Son sport préféré? Le Pilates. Son meilleur truc beauté? Dormir. Où conserve-t-elle son Oscar, raflé pour La constance du jardinier? Dans sa salle de bains (c'est la plus grande pièce de la maison). Où habite-t-elle? À New York et à Londres.

Quelques minutes plus tard, Adrien Brody, cheveux en bataille, a déversé sa suffisance et son arrogance en 15 minutes chrono, endormant tout le monde avec sa «méthode d'acteur» et les «difficiles périodes d'isolement» qu'il s'impose avant chacun de ses tournages. Zzzz. Vite, un sixième café.

À l'opposé, Mark Ruffalo - dont les grands-parents francophones ont grandi au Québec, le saviez-vous? - a été électrisant et rigolo comme tout. «Si jamais John McCain gagne cette élection, je déménage au Canada. Et Sarah Palin est contre l'avortement, elle nie le réchauffement de la planète et ne croit pas à la théorie de l'évolution. Ce n'est pas ce dont les États-Unis ont besoin maintenant», a martelé l'acteur de 40 ans. Enfin, un brin d'action.

Mais revenons à The Brothers Bloom, un film extrêmement difficile à résumer. En gros, il s'agit d'une fable truffée de références littéraires où l'excentrique Penelope (Weisz), capable de jongler avec des tronçonneuses tout en roulant en unicycle (ne rigolez pas), s'embarque dans une magouille impossible orchestrée par deux arnaqueurs professionnels, les frères Bloom (Mark Ruffalo et Adrien Brody).

La distribution comprend aussi l'actrice japonaise Rinko Kikuchi, époustouflante dans Babel. Elle mord ici dans un rôle comique très important, même si elle ne souffle que deux mots dans tout le film: «Fuck me.» Ce film sort chez nous en janvier. On s'en reparle.

Dans la catégorie des interviews bizarres, je sélectionne celle de la jeune Dakota Fanning, débarquée à Toronto pour la présentation de The Secret Life of Bees, un film adapté du roman de Sue Monk Kidd et mettant également en vedette Queen Latifah, Alicia Keys, Jennifer Hudson, Sophie Okonedo et Paul Bettany.

D'abord, Dakota Fanning, 14 ans, a grandi d'au moins un pied dans la dernière année. Sa voix a chuté d'une octave et elle ne ressemble plus du tout à la fillette de I Am Sam, rôle qui l'a catapultée dans la galaxie hollywoodienne. Sérieusement, j'avais l'impression de dialoguer avec un robot (ou un des enfants de Children of the Corn) tellement Dakota s'est montrée polie et logique, évitant soigneusement toute controverse. Bref, elle m'a semblé quasiment programmée ou téléguidée pour répondre parfaitement à toutes les questions. «Dakota a une vieille âme. Elle est plus vieille que nous toutes», a rigolé Queen Latifah en retirant ses verres fumés.

Dans The Secret Life of Bees, la jeune Lily (Dakota Fanning) et sa nounou (Jennifer Hudson) déboulent dans la vie des trois soeurs Boatwright (Latifah, Keys et Okonedo), qui fabriquent du miel dans un petit bled de la Caroline-du-Sud déchiré par les tensions raciales.

La portion la plus difficile du tournage? «Manipuler les maudites abeilles», répond Queen Latifah dans un grand éclat de rire. «Moi, j'avais tellement lu de choses horribles sur le sud des États-Unis que je refusais de sortir de ma chambre d'hôtel dans les premiers jours», confie Jennifer Hudson, sans aucune ironie ou sarcasme. Euh, quelqu'un lui a-t-il soufflé que les Noirs peuvent maintenant monter dans le même autobus que les Blancs? Autre perle: l'actrice/chanteuse, oscarisée pour Dreamgirls, a révélé ne pas voir lu au complet le livre de Sue Monk Kidd. Aïe. Au moins, Jennifer Hudson en connaît déjà la fin. Ça lui épargnera quelques pages.

Dans les corridors feutrés du Four Seasons, plusieurs journalistes chuchotent qu'une des quatre actrices de Bees pourrait décrocher une nomination aux prochains Oscars. L'académie sera-t-elle piquée par ce film mielleux? OK, fin des jeux de mots.

Au menu demain: mon coup de coeur du Festival, soit Anne Hathaway dans le bouleversant film Rachel Getting Married de Jonathan Demme (Le silence des agneaux), de même que le t-shirt Obama de Spike Lee, le délirant Ricky Gervais et la tête d'enterrement de Greg Kinnear.

Sur la route du party


La zone VIP de la fiesta concoctée pour la première nord-américaine du film Blindness débordait samedi soir. Tellement que les organisateurs ont dû agrandir - à deux reprises - le précieux périmètre à l'intérieur duquel Julianne Moore (magnifique), Gael Garcia Bernal (il est minuscule), Mark Ruffalo et le barbu Adrien Brody pépiaient joyeusement. Sirotant un Chardonnay, Julianne Moore a passé la soirée assise sur un canapé, tandis qu'Adrien Brody (encore lui?) pianotait frénétiquement sur son Blackberry, toujours à l'écart. Un verre de rouge de plus et j'accrochais Sandra Oh pour lui déclarer mon amour pour la série Grey's Anatomy (elle y incarne la revêche Dre Yang).

Aux platines? Nul autre que Moby, une Stella Artois vissée en permanence dans la main gauche. Vers 1h du matin, le célèbre DJ a monté à fond le volume de Freedom, de George Michael, et clac! Toutes les vedettes ont déguerpi d'un coup. Note à moi-même: les stars ne dansent jamais en public. Les journalistes non plus. Ils sont vidés/brûlés/épuisés.