En cette période de fièvre électorale, Il Divo n'a rien pour réconcilier la population avec la politique. Le portrait que brosse Paolo Sorrentino du controversé politicien italien Giulo Andreotti est absolument fascinant, mais ouvre grande la porte au cynisme.

Andreotti est un véritable personnage de caricature. Renfermé, inexpressif, le cou rentré dans les épaules, il aurait fait passer Stéphane Dion pour une bête de party. N'empêche, cet homme a été à la tête de l'Italie pendant sept mandats, avec toutes les accointances douteuses qu'il a fini par tisser à hue et à dia. L'Italie de l'époque n'était pas un jardin de roses, avec les assassinats de politiciens et de juges par les Brigades rouges.

Grâce à une mise en scène imaginative et un montage nerveux, Sorrentino captive du début à la fin, malgré la complexité de son scénario. Les personnages abondent, les jeux de coulisses sont nombreux. Le «glossaire» politique italien inscrit en début de projection s'avère utile, mais le néophyte de la politique italienne finit quand même par en perdre un peu son latin.

À travers tout cela, le rusé Andreotti manoeuvre comme si de rien n'était, tel un vrai Machiavel. Ne serait-ce que pour la performance de son alter ego à l'écran, Toni Servillo, le film mérite le détour.

Saturday Night Disaster

Chaque festival compte son coup de cafard. Cette année, à Toronto, le nôtre s'appelle Tony Manero, du Chilien Pablo Larrain. Le titre fait référence au nom du personnage de John Travolta, dans le film culte de la fin des années 70, Saturday Night Fever.

Raul (Alfredo Castro) craque littéralement pour ce film. Il passe son temps au cinéma pour le voir, participe à un concours d'imitation de Travolta, dans une émission style Les Tannants. Avec des membres de sa famille, il monte aussi un petit spectacle où la chanson You Should Be Dancing, des Bee Gees, est à l'honneur. Or, dans le Chili de l'époque, rien ne donne envie de danser, surtout avec un certain Pinochet au pouvoir.

Ce film a un seul pépin, mais il est de taille : on ne croit pas à ce qui se passe. Encore faut-il comprendre ce qui se passe.

L'anti-héros, ennuyant comme une pluie de novembre, pète les plombs à tout bout de champ sans qu'on sache trop pourquoi. Il tape sans raison sur une vieille femme, tue le projectionniste du cinéma, en massacre un autre dans son lit. Tout cela, alors qu'il s'évertue à construire un plancher en verre illuminé, semblable à celui sur lequel Travolta multiplie ses contorsions disco.

La preuve est maintenant faite : regarder Saturday Night Fever en boucle rend zinzin. Parlez-en à votre médecin.