Jacques Mesrine est de retour! Le plus célèbre gangster français s'est cette fois-ci évadé de la mort pour renaître sous les mille visages de Vincent Cassel dans un portrait en deux volets présenté en première mondiale au Festival des films de Toronto.

Le réalisateur Jean-François Richet immortalise la légende Mesrine, un des  criminels les plus notoires du 20e siècle dans une oeuvre en deux actes, Mesrine: L'instinct de mort et Mesrine: Ennemi public numéro un.

Le premier des deux films a été présenté à la presse et au public au Festival des films de Toronto, et le deuxième à un groupe restreint de spectateurs mercredi soir.

Braquages, fusillades, enlèvements, incarcérations et évasions étaient le quotidien de ce personnage charismatique, séducteur, orgueilleux, rancunier, avide de gloire, à la fois violent et attachant qui semblait défier la mort à chaque instant.

Dans ce Scarface français, M. Richet part de l'engagement de Mesrine pendant la guerre d'Algérie et déroule la bobine de sa vie, des larcins à Paris à sa vie au Québec à la fin des années 60, jusqu'à la création de sa légende controversée dans les années 70.

 «Ce qui m'intéresse c'est comment le personnage évolue psychologiquement donc c'est ça qui a été mon guide plus que les scènes d'action», explique le réalisateur.

Le premier volet de ce diptyque se déroule en grande partie au Québec où il était devenu l'ennemi public numéro un, réussissant à s'évader d'un centre de détention sous haute sécurité où il avait été incarcéré avec son frère d'armes de l'époque, Mercier (Roy Dupuis), bien avant la France.

La presse canadienne qualifiait de Bonny and Clyde Jacques Mesrine et son amour de l'époque, Jeanne Schneider, incarnée par Cécile de France, et suivait ses faits d'armes, une gloire à laquelle il a rapidement pris goût et s'est plu à entretenir.

Le réalisateur a évacué plusieurs chapitres de la vie de Mesrine -ses voyages au Venezuela, en Italie, son retour en Algérie- afin de s'en tenir à deux films totalisant quatre heures.

 «C'est de la fiction, ce n'est pas un documentaire. On fait un film sur un gangster connu, on s'inspire de faits réels, on retranche certaines choses, on arrange la réalité et on en fait un truc qui donne une vision d'un personnage romanesque, pratiquement, mais inspiré de faits réels», estime Vincent Cassel.

 «Le journal Libération l'avait érigé en symbole du contre-pouvoir, des années Giscard, de l'état policier, ajoute l'acteur. Lui a pris goût à ça, il s'est rendu compte du pouvoir qu'il avait à travers ça, que ça allait dans le sens de son ego, je pense qu'il est mort pour ça. Pas pour ce qu'il avait fait, mais pour la place qu'il avait prise».

Si la réalisation du premier volet tient plus du scénario classique, la deuxième se veut plus déjantée, à l'image de Mesrine, qui n'est plus un simple gangster mais une légende, une sorte de rock star du crime dont les actes et les déclarations exaspèrent la police.

«C'est un type qui a cherché pendant toute son existence un cheval de bataille, des causes, mais la vérité, c'est que c'est l'histoire d'un rebelle sans cause», souligne Vincent Cassel dont l'interprétation convaincante a été saluée à Toronto.

Le premier des deux films de cette coproduction franco-italo-canadienne sortira en France à la mi-octobre et le second un mois plus tard, les producteurs ayant revu leur stratégie initiale visant à séparer la parution de six mois.

Fait rarissime, le premier film sera lancé presque simultanément au Canada et en France. Les aventures de Mesrine au grand écran seront diffusées dans au moins 45 pays dont une sortie prévue en juin aux États-Unis, où les films de gangster sont déjà légion.