Paul Newman, figure légendaire du cinéma américain et philanthrope respecté de tous, s'est éteint vendredi soir. Il avait 83 ans.

M. Newman est mort à sa ferme de Westport, au Connecticut. Il a été emporté par un cancer du poumon, maladie qu'il combattait depuis plusieurs années.

L'acteur aux yeux bleus et aux traits inoubliables a joué dans plus de 60 films, dont Cat on a Hot Tin Roof, The Hustler et Butch Cassidy and the Sundance Kid. Il a été mis en nomination 10 fois aux Oscars et a remporté le célèbre trophée en 1986, comme meilleur acteur, pour le film The Color of Money.

Hier, l'acteur Robert Redford a salué son ami de longue date.

«Il y a un point où les mots ne rendent pas justice aux sentiments, a-t-il dit. J'ai perdu un véritable ami. Sa présence a rendu ma vie meilleure - et celle du pays également.»

Durant sa carrière, M. Newman a travaillé avec les plus grands réalisateurs, tels Alfred Hitchcock, Robert Altman, Martin Scorsese et les frères Coen.

Or, Paul Newman a toujours eu une relation d'amour-haine avec Hollywood. L'un des acteurs les plus populaires des 50 dernières années, il ne pouvait supporter le monde du show-business et ses mondanités. Il donnait très peu d'entrevues et refusait de signer des autographes, une activité qu'il trouvait présomptueuse et déplacée.

Paul Newman aimait aussi répéter qu'il ne lisait jamais les critiques de ses films. «Si les critiques sont bonnes, ça vous enfle la tête et, si elles sont mauvaises, vous êtes déprimé durant trois semaines.»

Son militantisme pour les droits civils et contre la guerre au Vietnam ont fait de lui l'une des personnalités les plus progressistes aux États-Unis. L'acteur figurait d'ailleurs sur la fameuse «liste des ennemis» du président Richard Nixon, ce dont il se disait fier.

À la fin des années 70, lassé du monde du cinéma, M. Newman est devenu pilote automobile professionnel. Il s'est classé cinquième à Daytona en 1977 et deuxième au Mans en 1979. «La course automobile est la meilleur façon que j'ai trouvée pour échapper à toutes les niaiseries de Hollywood», a-t-il dit.

Durant sa vie, M. Newman s'est, contre toute attente, retrouvé à la tête d'un empire de produits alimentaires. En 1982, l'acteur a lancé sa compagnie, Newman's Own, avec son voisin, l'auteur A.E. Hotchner.

Ce qui a commencé comme une blague entre amis a vite pris de l'expansion. Newman s'est mis à vendre des vinaigrettes, du pop-corn, des sauces pour les pâtes et des biscuits, dont la totalité des profits allaient à des oeuvres de charité. En date de l'an dernier, l'entreprise avait redistribué plus de 175 millions de dollars.

En 1988, Paul Newman a fondé une colonie de vacances au Connecticut pour les jeunes atteint du cancer. Il en a ensuite fondé plusieurs autres ailleurs aux États-Unis et en Europe.

M. Newman a été marié deux fois et a eu cinq enfants. Il a épousé sa femme actuelle, Joanne Woodward, en 1958.

En mai 2007, M. Newman a dit à l'émission Good Morning America que sa carrière d'acteur était terminée. «Je ne suis plus capable de travailler comme acteur. On commence à perdre la mémoire, à perdre confiance et motivation. Le livre est pas mal fermé en ce qui me concerne.»

En 1994, un mois avant son 70e anniversaire, l'acteur a dit au magazine Newsweek qu'il avait peu changé avec l'âge.

«Je ne suis pas plus doux, je ne suis pas moins en colère, ou moins critique envers moi-même. Peut-être que la meilleure chose, avec la vieillesse, c'est que notre foie ne peut plus supporter la bière à midi... C'est aussi bien comme ça.»

Avec Associated Press