Jugé «nunuche» et «indigeste» par la critique, le film Magique, du réalisateur français Philippe Muyl, avec Benoît Brière, est une production québécoise qui ne dit pas son nom.

Cette comédie musicale, qui a pris l'affiche mercredi en France sur plus de 280 écrans, met en vedette Marie Gillain et le chanteur Cali, également auteur de la musique. Remstar, la maison des frères Rémillard, en est le principal coproducteur.

Le Québec est en quelque sorte la vedette anonyme de ce long métrage «franco-canadien». Occulté du récit, il est à la fois partout et nulle part.  Sur les affiches du film, le nom de Benoît Brière, au milieu de ceux des vedettes, attire tout de suite l'attention. Une fois dans la salle, on découvre Brière, chevelure hirsute, fine moustache, dans le rôle d'un directeur de cirque s'exprimant avec un très léger accent québécois. C'est son premier rôle pour le cinéma français.

Le spectateur moindrement averti ne tarde pas à remarquer que la campagne québécoise, en l'occurrence une vieille ferme des environs de Saint-Jovite, dans les Laurentides, a fourni au film son décor. Le lieu n'est jamais identifié, mais, aucun doute possible: paysages, automobiles, «pick-up», billets de banque, pain tranché sur la table; nous sommes bien au Québec. L'apparition de Marcel Sabourin, Natacha Thompson (C.R.A.Z.Y.), Évelyne de la Chenelière et de plusieurs autres comédiens québécois le confirme. Au total, ils sont une quinzaine à tenir des rôles d'importance variable, avec un accent tellement «allégé» qu'il se fait pratiquement oublier.

Clowns, jongleurs, acrobates, lanceurs de couteaux, tout ce petit monde forme la troupe du cirque Magique venu planter son chapiteau au milieu des ruches, sur les terres de Betty (Marie Gillain). Celle-ci vit seule avec Tommy, son fils de 10 ans, qui rêve de son père absent. L'arrivée du cirque et de Batiste (Cali) va leur redonner le goût de vivre.

À l'évidence, le distributeur Paramount n'a pas cherché à utiliser le Québec comme argument de vente de ce film pour enfants visiblement formaté pour le marché international. D'ailleurs, la critique a à peine mentionné que les paysages étaient «canadiens». Ils auraient pu être américains, irlandais ou australiens, l'intrigue n'en aurait pas souffert.

Il reste néanmoins que Remstar est le coproducteur «majoritaire» de Magique et que l'ensemble de la distribution et des techniciens ont été recrutés au Québec, où le tournage s'est entièrement déroulé, à la fin de l'été 2007.

Les producteurs montréalais ont déjà indiqué que Magique avait à leurs yeux un «bon potentiel à l'international». Pour le marché français, en revanche, c'est loin d'être gagné. La critique n'a pas été tendre, en effet, envers cette production «nunuche» (Télé 7 Jours) et «indigeste» (Ouest France) et il n'est pas dit que le public la contredira.

«La comédie musicale souffre mal la platitude, encore moins la mièvrerie, Magique cumule hélas les deux», a écrit Télérama, pendant que L'Express parlait d'un film «interdit aux plus de six ans». Le quotidien Libération se montre encore plus virulent, conseillant à ses lecteurs que le film est «à voir sous acide exclusivement».

La performance de Benoît Brière ou des autres Québécois de la distribution n'a pas suscité de commentaires particuliers.