Après une longue période de flottement, le nouveau drame policier de Gavin O'Connor est parvenu à gagner les écrans. Edward Norton, Colin Farrell, Jon Voight et Noah Emmerich s'y entredéchirent.

«Aux yeux des gens du milieu du cinéma, nous sommes devenus malgré nous les artisans d'un film à problème! reconnaissait récemment le cinéaste Gavin O'Connor au Festival de Toronto. Pride and Glory a un peu été victime de tous ces changements qui sont survenus à la suite de la réorganisation des studios. Nous avons toutefois eu le temps de peaufiner le film comme il faut. Cela est un avantage!»

À vrai dire, O'Connor (Tumbleweeds, Miracle), lui-même fils de policier, vit avec ce film depuis très longtemps. L'écriture du scénario remonte en effet à une dizaine d'années. La production devait être mise en chantier au début de la décennie mais les attentats du 11 septembre 2001 ont changé la donne. Il aurait en effet été plutôt indélicat de proposer au lendemain du drame un film dont l'intrigue est centrée sur la corruption à l'intérieur du corps policier new-yorkais...

Edward Norton estime d'ailleurs que le recul ne peut qu'être bénéfique aujourd'hui. «Cette histoire trouve à mes yeux une nouvelle résonance car il y a lieu de se poser plusieurs questions à propos de l'éthique du pouvoir dans le milieu de la loi et de la justice, a-t-il déclaré. Les principes et les valeurs que nous sommes supposés défendre sont mis de côté au nom de la sécurité nationale. Il est important de discuter de ces questions.»

Dans Pride and Glory, Norton incarne Ray, un détective dont l'enquête tourne autour d'une affaire de drogues qui a mal tourné, quatre policiers ayant été tués dans l'opération. L'affaire emprunte vite un caractère familial car ces quatre agents faisaient partie d'une escouade que dirigeait le frère aîné de Ray. Son beau-frère Jimmy (Colin Farrell) menant aussi une enquête de son côté, Ray devra choisir son camp au moment où il devient clair qu'une affaire de corruption est à l'origine du drame. Le patriarche du clan, policier à la retraite (campé par Jon Voight), tente quant à lui de protéger les siens du mieux qu'il peut.

Noah Emmerich, l'interprète du frère aîné, trace de son côté des parallèles avec les films du genre qui furent réalisés dans les années 70. «C'est un peu comme si Sidney Lumet avait tourné un western urbain! dit-il. On se trouve ici devant une approche qui relève presque du documentaire tellement Gavin tient à ce que tout soit dépeint de façon réaliste. Il n'y a rien d'hollywoodien dans ce film. D'ailleurs, dès qu'une séquence ressemblait trop à l'idée de ce que doit être un film policier au cinéma, nous l'écartions d'emblée.»

Gavin O'Connor s'est d'ailleurs entouré de vrais policiers afin de donner à son film un caractère authentique. «Il m'importait de leur demander conseil, explique-t-il. Je leur ai montré le film et ils sont contents, même s'ils n'y sont pas toujours à leur avantage.

Curieusement, certains d'entre eux y voient même une espèce de célébration de leur métier. Ils apprécient notamment la façon avec laquelle on montre à quel point leur fonction est difficile sur le plan psychologique, surtout quand vient le moment de choisir entre sa vraie famille et sa famille professionnelle.»

Cette ambiguïté, déjà très apparente à la lecture du scénario selon les acteurs, a beaucoup séduit Edward Norton.

«Les films qui donnent toutes les réponses ne m'intéressent pas. Au contraire, je trouve qu'il est beaucoup plus stimulant de se poser des questions et de réfléchir.»

Pride and Glory
(En toute loyauté en version française) est présentement à l'affiche.