Mercredi soir, le centre du monde cinématographique québécois sera à Saint-Élie de-Caxton: tapis rouge, haute couture, paparazzis, grand écran, stars, etc. Tout ça, à l'église du village pour la grande première de Babine, le film réalisé par Luc Picard sur un scénario d'un certain Fred Pellerin.
Fred Pellerin avait insisté pour que la première de son film ait lieu à Saint-Élie. Il voulait aussi un tapis rouge et il l'a eu. «On a regardé pour louer un tapis rouge, mais ça coûte cher, nous a-t-il confié. On en a trouvé un pas trop cher. La seule chose, c'est qu'il a seulement deux pieds de large, mais 80 pieds de long. Ça fait que va falloir que les invités entrent un par un même s'ils sont accompagnés!»
Considérant l'ampleur de l'événement, on a réquisitionné l'endroit pouvant accueillir le plus grand nombre de personnes au village: l'église. Malgré les 700 places disponibles, on n'en avait pas assez pour tout le monde. Alors, après avoir réservé des billets pour les invités, on a donné des billets aux figurants en provenance de Saint-Élie et on a fait tirer le reste des billets disponibles auprès des gens du village lors d'une réunion municipale qui a attiré 250 personnes.
«Les gens du village sont nerveux, confirme le maire André Garant. Il doit bien y avoir une centaine de personnes du village qui sont allées à Montréal en autobus pour être figurants pendant le tournage.» Le premier magistrat étant du nombre, évidemment. «J'y ai été en tant que figurant mais j'ai aussi été invité sur le plateau trois fois pendant le tournage. J'ai beaucoup apprécié. J'ai trouvé que le cachet de la municipalité se retrouve dans le film.»
N'empêche le Saint-Élie recréé pour le grand écran n'est pas tout à fait fidèle au vrai village. «Ils ont créé un village à l'intérieur mais c'est un village hors du temps, indique Julie Hamelin, une des Caxtoniennes figurantes. C'était de vieilles maisons en bois, avec une église en pierre comme au village, mais ça n'a rien à voir avec la réalité. Par exemple, la maison de Méo, le coiffeur qui prenait un coup, ils l'ont faite un peu croche. Moi, j'ai trouvé ça génial.»
Les Caxtoniens pensent que leur village bénéficiera de la sortie du film. «C'est sûr que ça va avoir beaucoup de retombées, clame M. le maire. Ça va faire connaître la municipalité. On a acheté pour 10 000$ de publicité qui va accompagner le film. Sur l'affiche annonçant le film, on va retrouver le logo de la municipalité. L'été dernier, on a reçu plus de 12 000 visiteurs et ça va être encore bien plus l'été prochain. On va rentrer dans notre argent sans problème.»
Pour le maire, Fred est un cadeau du ciel. Pour le curé Jean Arvisais également. «Avant que Fred ne soit connu, personne ne venait à Saint-Élie. Maintenant, ça visite avec les audioguides, c'est la folie furieuse! Fred est un gars fin qui n'a jamais changé. Il véhicule de grandes valeurs: la fraternité, la simplicité, la beauté, l'attachement au patelin, etc.»