C'est un concours de circonstan­ces et une série de déveines qui ont fait que Marc-André Grondin s'est fait discret sur nos écrans depuis trois ans. Le Zac du mémorable C.R.A.Z.Y. n'a toutefois pas chômé. Il s'est retrouvé dans plusieurs projets à l'étranger, principalement en France, où les producteurs l'ont de plus en plus à l'oeil.

Après avoir joué dans le téléfilm Les cerfs-volants, de Jérôme Cornuau (inédit au Québec), le comédien de 24 ans est à l'affiche de la chronique familiale Le premier jour du reste de ta vie, de Rémi Bezançon, où il incarne Raphaël, un jeune adulte un peu fainéant, perdu et... adepte d'air-guitar.

Le jeune acteur rejette toute comparaison entre le film de Bezançon et C.R.A.Z.Y. «Je capote quand on me dit ça... Ce n'est pas du tout le même genre de truc, pas la même ambiance, la même culture, la même époque. C.R.A.Z.Y. se passait sur une période de 30 ans, à partir des années 70, celui-ci sur une douzaine années, dans les années 90», explique Gron­din, en entrevue téléphonique depuis un hôtel parisien où il est descendu pour la tournée de promotion d'un autre film. «Il y avait une sincérité que j'ai rarement vue dans les scénarios qu'on m'a proposés ces dernières années.»

Plusieurs projets sur le feu

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la vie roule vite et bien pour le jeune comédien vu dans Watatatow et Nos étés. Grondin a quitté la semaine dernière le plateau montréalais de 5150, rue des Ormes (un thriller d'Éric Tessier adapté d'un roman de Patrick Sénécal) pour aller faire la promotion à Paris de Bouquet final, de Michel Delgado, où il partage la vedette avec Didier Bourdon, Gérard Depardieu et Marthe Keller.

 

En janvier, il sera devant la caméra de Jean-Paul Salomé pour Le caméléon, dont le tournage aura lieu au Texas et en Louisiane, en compagnie de l'une des Beautés désespérées, Felicity Huffman. Sans oublier ce petit rôle décroché dans Che, de Steven Soderbergh, dont la sortie québécoise reste à confirmer.

 

Pas mal pour un acteur qu'on croyait disparu de l'écran radar...

Maîtriser l'accent français

Le hasard a voulu que c'est de France que sont venus les projets les plus intéressants depuis C.R.A.­Z.Y. Ceux qui ont fini par aboutir, pourrions-nous dire. Son seul film québécois, La belle bête, est passé en coup de vent, il y a deux ans, alors que le projet d'adaptation de La trilogie des dragons, de Robert Lepage, est tombé à l'eau, faute de financement.

 

«Je n'ai jamais eu de plan de carrière pour aller travailler en France. J'ai rencontré des gens et c'est arrivé comme ça...»

 

Pour faire sa niche chez les cousins, le jeune acteur a été appelé à travailler sur son accent. Plusieurs sorties avec des amis parisiens et les conseils d'un coach l'ont aidé à parler «à la française», comme si de rien n'était.

 

«Il suffit qu'un producteur te fasse confiance (pour l'accent) pour que les autres suivent et te proposent des rôles. Il suffit d'être alerte, d'écouter, c'est surtout une affaire de mélodies et d'intonations. Un coach m'a refilé quelques trucs. Ça ne m'énerve pas trop quand je m'entends, faut croire que c'est pas si pire...»

 

Grondin s'est aussi mis un peu à l'espagnol pour les besoins de Che, le film fleuve de Steven Soderbergh sur la vie du révolutionnaire Che Guevara. Même s'il ne parlait pas la langue d'Almodovar, il a appris à l'oreille les répliques de son personnage, le ministre français Régis Debray. «Le tournage devait prendre cinq jours, en Espagne et à Porto Rico, mais ç'a finalement duré deux semaines. Quand t'as une chance de tourner avec Soderbergh, tu ne dis pas non.»

 

Malgré un horaire qui l'a souvent amené à travailler en France et ailleurs, Marc-André Grondin souhaite tourner autant que possible au Québec. Loin de lui l'idée de s'installer en permanence à Paris. Son coeur demeure à Montréal. «J'aime le côté relax de la ville. Et puis, la vie est pas mal moins chère ici. Je peux m'offrir à Montréal un grand appartement au même prix qu'une chambre à Paris.»