Fred tient ses promesses. Comme celle faite aux siens de tenir la grande première mondiale de Babine à Saint-Élie. Elle a bel et bien eu lieu, hier soir, dans une église de Saint-Élie bondée «ben dur».

Certains devant même se contenter de regarder le film debout, une position somme toute pas tellement plus inconfortable qu'assis sur les bancs de l'église.

Ou bien les producteurs avaient distribué trop de billets ou bien l'église a rétréci lors d'un récent lavage mais quand les 750 places officielles ont été occupées, il y avait encore file à la porte.

Et c'est sans compter la cinquantaine de résidents qui attendaient dans une autre file prévue au cas où il y aurait eu des places libres.

Vérification faite, il y a même au moins une paire de billets qui a été vendue sur le marché noir, au bar du village. «Au prix de deux entrées au cinéma», a assuré l'acheteur dont on conserve l'anonymat pour le protéger d'éventuelles poursuites judiciaires.

Évidemment, Fred Pellerin a été la présence centrale de l'événement.

Dans l'après-midi, il a multiplié les entrevues pour les représentants de tous les médias de la région.

En soirée, ayant réussi à dénicher un micro, il a commenté, dès l'ouverture des portes de l'église, une heure avant la représentation, le passage des invités de marque sur le tapis rouge. Par invités de marque, on entend évidemment les résidents de Saint-Élie.

C'est ainsi qu'on a appris que l'un s'est déjà coupé les orteils avec sa tondeuse, qu'un autre vend de l'excellente saucisse ou qu'un autre encore a une bineuse de 20 ans d'âge encore en parfait état de marche. Le tout, forcément épicé par l'humour unique du garçon.

La mise en scène de l'événement était impeccable: tapis rouge (certes un peu étroit, mais chic quand même) éclairé par de puissants projecteurs, une musique d'ambiance, plusieurs journalistes et photographes intéressés uniquement par les Caxtoniens figurants dans Babine.

Une véritable ambiance de grande première, teintée d'une fort joyeuse ironie. Le plus souvent, ce sont les gens sur le tapis rouge qui prenaient journalistes et cameramen en photo.

Un événement vraiment très réussi. Les gens de Saint-Élie ont l'art de créer l'événement. L'habitude, sans doute.

Évidemment, dans l'église, au moment de trouver des places pour les derniers de la file, c'était un peu juste.

Le jubé rempli, il a bien fallu procéder à une livraison d'urgence de chaises supplémentaires à installer dans le moindre coin libre pour finalement contenter tout le monde. Le tout, dans la discipline et la fébrilité.

Le conteux a d'ailleurs eu droit à trois ovations debout avant la projection du film: quand il a été remercié par le maire Garant comme étant le grand responsable de l'événement et quand il s'est emmené à l'avant pour prendre la parole à la demande du réalisateur Luc Picard.

La troisième, de loin la plus longue, accompagnée de cris d'acclamation a duré tout le temps du générique final.

Vincent-Guillaume Otis (Babine), Maude Laurendeau (la belle Lurette), Barbara Renequens (la belle Monia) représentaient les interprètes de l'oeuvre.

Quant au visionnement, dans des conditions techniques remarquables compte tenu des circonstances, le public a très bien réagi, ne manquant jamais la moindre pointe d'humour dans le scénario de Fred pour rigoler avec enthousiasme. Ou pleurer, pas mal plus discrètement. Après tout, pour une grande première mondiale, une certaine dignité s'impose.