Éric Tessier dirige Normand d'Amour, Marc-André Grondin et Sonia Vachon dans l'adaptation du thriller de Patrick Sénécal, 5150, rue des Ormes. Jusqu'au début du mois de décembre, Marc-André Grondin restera donc malgré lui l'invité d'une famille peu fréquentable.

Recouverts de bondieuseries et de papier peint fleuri, les murs de la maison Beaulieu gardent les secrets d'une famille apparemment comme les autres. Le père, Jacques (Normand d'Amour), est un chauffeur de taxi sans histoire... ou presque.

«Il fait de son mieux, sauf qu'il a un côté extrêmement noir», dit son interprète, Normand d'Amour. Sous les traits de l'honnête père de famille se cache un prétendu justicier qui s'arroge le droit de vie ou de mort sur les voleurs, pédophiles ou meurtriers.

«Beaulieu fait sa propre justice, c'est un bon gars, mais c'est un fou. Tout le monde, dans sa famille, est de connivence avec lui», raconte le réalisateur, Éric Tessier. L'arrivée impromptue de Yannick (Marc-André Grondin) va bouleverser l'équilibre des Beaulieu. «C'est vraiment le grain de sable dans l'engrenage», poursuit Tessier.

Yannick sera retenu contre son gré par la famille Beaulieu pour une cinquantaine de jours. Le temps, pour le jeune homme fragile, de se prendre les coups du père et des filles. Le temps, aussi, de combattre ses propres démons, explique Marc-André Grondin.

«C'est un truc que je n'ai jamais fait, le thriller psychologique, s'enthousiasme Marc-André Grondin, de retour sur les plateaux québécois pour la première fois depuis C.R.A.Z.Y. et La belle bête. C'est un scénario très bien écrit, il a quelque chose de très fort, de très décalé par rapport à la réalité.»

Dans la peau de Yannick, Grondin encaisse les coups, se jette à terre, vit enchaîné ou parfois même plâtré. «Heureusement, Normand a un contrôle total sur lui-même. Même si on tourne 45 fois la même prise où il m'étrangle, je n'ai pas de traces le lendemain», se félicite le comédien.

Sombre univers

Les lecteurs de Patrick Sénécal savent combien il penche pour le noir. 5150, rue des Ormes, son premier roman, ne fait pas exception à la règle. «Il y a là la base de tout ce qui m'intéresse: le côté sombre en nous, l'idée, aussi, d'aller explorer le côté noir de l'être humain. Je n'ai aucune pitié pour mes personnages», rappelle-t-il.

Depuis Sur le seuil (aussi réalisé par Éric Tessier en 2003), l'univers «dark thriller heavy» de Patrick Sénécal, comme lui-même le qualifie, a aussi inspiré la productrice de GO Films, Nicole Robert, qui a acquis il y a cinq ans les droits des 7 jours du Talion. Actuellement en tournage, il devait être réalisé par Robert Morin, avant d'être confié aux bons soins de Podz (Minuit le soir).

«Ce qui les amène (Éric Tessier et Podz, ndlr), c'est qu'ils aiment mon histoire. À partir de là, ils n'abordent pas nécessairement le film de la même manière, dit l'auteur. On dirait que Sur le seuil a donné la permission de faire du genre. On a beaucoup de cinéma gentil au Québec: c'est le fun de faire quelque chose de pas gentil.»

Les 7 jours du Talion comme 5150, rue des Ormes seront tous deux distribués par Alliance Vivafilm. Ce qui, espère le producteur de 5150, rue des Ormes, Pierre Even, devrait éviter la concurrence entre les deux films. De son côté, Éric Tessier s'en remet aussi à la sagesse du distributeur pour «ne pas saturer le public.»

«Il faut penser à ces choses-là, croit-il. Mais les gens vont aussi pouvoir voir deux visions d'un même auteur. Ça m'intéresse comme public! J'espère que cela ne jouera pas contre nous», dit-il. Tourné avec un budget de 4,7 millions, 5150, rue des Ormes pourrait prendre l'affiche l'automne prochain.