N'eût été le talent de conteur de Fred Pellerin, Saint-Élie-de-Caxton ne serait qu'un village parmi tant d'autres au Québec. Depuis qu'il a magnifié la vie de ses habitants, ses voisins et des âmes qui peuplent le cimetière de la place, la réalité de la bourgade de 1500 personnes, en Mauricie, semble toute autre.

Contrairement à bien des villageois qui se poussent dans la grande ville dès que le temps est venu d'étudier à l'université ou de trouver un emploi, Fred Pellerin n'a jamais pensé déserter son village. «J'y suis né. Je suis la septième génération qui vit ici. Comment veux-tu que je m'en aille? lance-t-il. Il y a tout ce qu'il faut ici: l'appartenance à la collectivité, la vie communautaire... N'importe qui peut aller chez le maire et lui proposer un projet. Et à Saint-Élie, tu as un château et 20 000 pieds carrés de terrain pour 100 000 $.»

Le coeur de Saint-Élie-de-Caxton serait, de toute façon, loin de cesser de battre: ses habitants tendent à imiter Fred Pellerin. «Beaucoup de jeunes y reviennent. Ça se désexode, affirme le conteur. Le taux de croissance démographique est d'ailleurs le plus élevé de la région, grâce aux naissances et aux nouveaux arrivants. Il y a quatre baptêmes pour un décès. On zigne!»

Mais de là à affirmer que son village méritait plus que d'autres d'être catapulté à l'avant-scène... «Je prétends que Saint-Élie est le centre du monde, mais je ne renie aucun centre du monde, lance Pellerin. Je fais preuve d'un chauvinisme exagéré, mais je suis multicentriste! Je n'ai rien contre les histoires d'autres villages. Si chacun a la meilleure légende, ça enrichit le répertoire, notre culture. La culture, ce n'est pas acheter des CD et des billets de spectacle.»

«Dans chaque village, il peut y avoir du fantastique, ajoute Vincent-Guillaume Otis, qui incarne Babine. Chacun est porteur de légendes. Et c'est important de perpétuer ça. C'est notre langue et notre histoire. Ce qui nous distingue en tant que nation.»