Dans un aréna, deux équipes de hockey junior s'affrontent sous le regard bienveillant de l'emblématique Jean Béliveau. Sur le plateau de tournage, le coach n'est peut-être pas celui que l'on croit : Sylvain Archambault, le réalisateur de Pour toujours les Canadiens, dirige depuis quelques semaines une équipe composée de sportifs, de comédiens et de joueurs du Canadien.

Pour toujours, les Canadiens ressemble à une grosse opération séduction. Jean Béliveau, Saku Koivu, Alex Kovalev ou Carey Price y font plusieurs apparitions. Céline Bonnier, Claude Legault ou Dhanaé Audet-Beaulieu y tiennent les rôles principaux. Le tout est dirigé par le tandem derrière les Lavigueur, Jacques Savoie et Sylvain Archambault.

«Notre proposition, c'est de faire un film à saveur familiale, dans lequel il y a du hockey. On parle aussi du courage, de l'espoir», explique Jacques Savoie. Le projet contient une belle part de rêve, convient le scénariste: «Avec Jean Béliveau, je redeviens un petit garçon.»

Jacques Savoie n'est pas le seul à tomber en pâmoison devant le grand homme qu'est Jean Béliveau. Sur le plateau, les figurants lui demandent timidement des autographes. Le numéro 4 inspire respect et attention: à ses côtés, Céline Bonnier et Claude Legault ne sont que silences, déférence et sourires.

«C'est l'âme de l'équipe. Tu ne peux pas avoir une réputation de grand homme si tu n'es pas vrai. Il a beaucoup de classe», estime Sylvain Archambault. Sur le plateau pourtant, le réalisateur n'hésite pas à se montrer directif avec le joueur. «Si on était mal à l'aise de diriger, on ferait jamais rien», remarque-t-il.

Modeste, Jean Béliveau s'amuse, lui, de participer à son premier film aux côtés de Bonnier et Legault: «Je suis loin d'être dans leur classe», dit-il. «Pour moi, jouer là-dedans, c'est pour ma famille, mes petites-filles. Pour eux, ce film va exister encore longtemps: comme le bronze.»

Ce film, Sylvain Archambault le voit comme «un Walt Disney sportif». Les fans finis du Canadien comme les profanes devraient y trouver leur compte: «Les gens qui ne connaissent pas le hockey vont apprendre des choses, mais c'est pas un film sur les 100 ans du Canadien», promet-il.

Un film généraliste, donc, doté d'un budget de 6 millions commandites incluses, qui s'est vu offrir l'accès au Club, à ses archives, à ses joueurs et même à la Coupe Stanley. Le film sortira sur 100 écrans le 4 décembre 2009. «En support de promotion, ça va être énorme», prévient le président du distributeur TVA Films, Yves Dion.

Pour le distributeur, la formule fera mouche car elle s'inscrit «dans le cadre du 100e anniversaire, mais pas seulement à cause de ça: il y a les joueurs, mais une histoire aussi avec des enfants. On a une recette avec un film qui s'annonce comme un grand succès.»

Pour écrire la trame du film, d'abord offerte à Georges-Hébert Germain et Marc Robitaille, Jacques Savoie admet avoir eu «carte blanche» de la part de ses producteurs (Cité-Amérique). Les personnages principaux du film sont deux jeunes: un enfant malade, hospitalisé à Sainte-Justine (Antoine L'Écuyer), et un joueur de hockey junior (Dhanaé Audet-Beaulieu), en conflit avec ses parents (Céline Bonnier et Christian Bégin).

« (Le point de vue de l'enfance) est un bon point de vue. Plus on se rapproche de l'enfance, plus on se rapproche de l'humanité, de son humanité. Moi, ça m'a rappelé des choses de mon enfance, des petites choses, comme la Zamboni: son conducteur, Gerry (Jean Lapointe) est le berger de l'histoire. Les parties au Centre Bell sont d'ailleurs filmées de son point de vue», dit Jacques Savoie.

Visuellement, le film, auquel participent également Réal Bossé et Pierre-Paul Alain, rapprochera les spectateurs de ses sujets. «On veut être réaliste, proches de l'émotion, presque voyeurs, dit Sylvain Archambault. Mais c'est difficile à capter, le hockey: c'est le sport le plus rapide du monde. Heureusement, avec mon chef opérateur (Jérôme Sabourin), ce sera très bon.»