Deux ans après The Pursuit of Happyness, Will Smith prend de nouveau le réalisateur Gabriele Muccino comme bras droit et place Rosario Dawson à sa gauche, côté coeur. Ils nous arrivent avec Seven Pounds, l'histoire d'un homme en quête de rédemption. Rencontre avec le trio... dont la plupart des propos ne peuvent être révélés - sous peine de crime de lèse-punch.

«Il a fallu sept jours à Dieu pour créer le monde. En sept secondes, j'ai détruit le mien.» Ces quelques mots ouvrent Seven Pounds, drame troublant qui marque le retour du tandem gagnant de Pursuit of Happyness: Will Smith en tête d'affiche et Gabriele Muccino à la réalisation.

«Mais ce n'est pas pour ces phrases vendeuses que j'ai voulu être de ce projet», assure l'acteur le mieux payé d'Hollywood qui est aussi la star la plus aimée des Américains. «J'ai été renversé par le scénario, par les idées puissantes qu'il véhicule sur la nécessité de trouver un sens à notre vie.»
Renversé. Gabriele Muccino, lui, a été... terrifié: «Le script était hermétique, mais je ne pouvais cesser de tourner les pages. Je n'arrivais pas à savoir si je détestais le personnage principal ou si je devais embrasser sa quête. Mais à la fin, je pleurais. Et je savais.»

Il savait qu'il voulait réaliser le film. Qu'il voulait avoir Will Smith devant sa caméra. Et qu'il inviterait Rosario Dawson à passer une audition. «Je devais travailler avec elle sur un autre long métrage, Al Pacino était de la distribution et il ne la voulait pas. J'ai quitté le bateau», se souvient le réalisateur italien qui affirme «ne jamais avoir été impressionné par les stars» - chose que confirme d'ailleurs Will Smith. Rosario Dawson, donc, a lu le scénario «et pour moi, ç'a été clair immédiatement, il n'y avait d'autre choix que celui-là», indique l'actrice qui a laissé tomber Zack&Miri Make a Porno, où elle a été remplacée par Elizabeth Banks, pour se consacrer à Seven Pounds.

Écrit par Grant Nieporte, ce film est un cauchemar... pour les journalistes. Rencontrés individuellement et non lors de conférences de presse conjointes (comme c'est de plus en plus souvent le cas), les acteurs et réalisateur, très investis dans le projet, se sont montrés d'une rare générosité. Le hic: il est impossible de révéler une grande partie du contenu de ces conversations sans lever le voile sur une intrigue qui mérite de ne pas être ébruitée.

Disons simplement que l'histoire est celle de Ben Thomas (Will Smith). Un homme qui porte un secret. Un secret si obsédant que, pour trouver paix et rédemption, il va décider de changer la vie de sept étrangers. Il a une liste. Il entre en contact avec ces gens. Les «teste». Nous teste aussi, nous, spectateurs, tant son attitude semble ambiguë. Et il finit par les aider. Rien, il en est persuadé, ne le fera dévier de son plan. Sauf qu'il arrive au nom d'Emily Posa (Rosario Dawson - qui offre ici une performance exceptionnelle). Dont il tombe amoureux. Il voulait changer sa vie à elle. C'est elle qui va changer la sienne.

«C'est un film terrifiant, autant émotionnellement qu'artistiquement», fait Will Smith qui se souvient, un soir, avoir été frappé par le silence autour de la table familiale. «Qu'est-ce qui se passe? a-t-il demandé. Pourquoi est-ce que vous ne parlez pas?» Et son fils, Jaden, de répondre: «Parce que tu as l'air d'un fou.»

«Quand vous rationalisez un personnage, il coule lentement en vous, vous transforme sans que vous ne vous en rendiez compte», poursuit le comédien qui, dans la peau de Ben, «cherche derrière le masque des gens, pour voir qui ils sont vraiment; mais lui, ne se départ jamais du sien. Ce qui lui donne un air bizarre».

Un masque

Gabriele Muccino abonde: «J'ai forcé Will à être mort à l'intérieur. Nous avons répété pendant cinq semaines pour qu'il comprenne cet homme, ce sens du vide, de mort totale. Pendant plus de la moitié du film, il affiche un visage gentil, pour que les gens lui fassent confiance. Puis, ce masque fond tranquillement et révèle ce qu'il est vraiment.»

Cela se produit quand il rencontre Emily. Elle est jeune. Belle. Digne. Et gravement malade. «Il était important pour moi de lui donner vie, et d'être crédible en cela, parce qu'elle est complexe. Parce qu'on peut apprendre de chacune des phrases qu'elle dit tant elle est forte malgré la maladie», explique celle qui, au départ, se croyait incapable de passer l'audition: «Je pleurais tout le temps en lisant le scénario. Or, oui, dans un telle histoire, il faut être dans l'émotion... mais il faut aussi être professionnel. Et qui dit professionnalisme dit technique. Bref, il faut que ces larmes coulent au bon moment.»

Gabriele Muccino, lui, a eu à jongler avec les «bons moments» pour toute l'équipe: «La structure du film a été difficile à trouver. Sans dévoiler le punch, il fallait pouvoir en dire assez pour que le spectateur nous accompagne, soit intrigué, ait le désir de suivre Ben dans cette histoire d'amour finalement très osée.»

Osée, en effet. Mais pas dans le sens qu'on l'imagine...

Seven Pounds prend l'affiche le 19 décembre, en anglais et en français (Sept vies). Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Columbia Pictures.