Le scénario de Wolke 9 (Septième ciel en version originale allemande avec sous-titres français) pourrait évoquer le démon de midi, si ce n'était pas une femme de 76 ans qui quittait son mari pour un homme plus âgé. Coup de coeur du jury de la section Un certain regard lors du plus récent festival de Cannes, Wolke 9 raconte l'histoire de gens qui ne sont pas sérieux, même s'ils ont 70 ans.

Inge tombe amoureuse, son coeur bat la chamade, et, dès la première scène du film, c'est l'évidence, la passion, le sexe. Inge a 76 ans, elle est mariée mais s'éprend d'un autre homme, par hasard, presque par accident. «C'est arrivé comme ça», dira Inge à son mari.

Le coeur ne s'arrête pas de battre tant qu'on n'est pas mort, montre Wolke 9. «Je crois qu'il est possible de parler des personnes âgées sans violons, je crois qu'elles peuvent faire autre chose que de boire du café, garder leurs petits-enfants ou faire des croisières», dit au téléphone le réalisateur du film, Andreas Dresen.

Lui-même âgé de 45 ans, Andreas Dresen estime que «nos corps vieillissent, mais pas nos âmes! Alors on peut très bien tomber amoureux à n'importe quel moment de notre vie, même quand on est installés très confortablement et heureux après 30 ans de mariage».

Wolke 9 parle et montre l'amour. Au grand écran, les corps et les ébats des acteurs (Ursula Werner, Horst Westphal et Horst Rehberg) qui ont l'âge de leurs personnages sont montrés de façon réaliste. «La sexualité fait partie intégrante d'une histoire d'amour, quel que soit l'âge», justifie Andreas Dresen.

Ne cherchez ni trivialité ni humour déplacé: on est loin de la pub Viagra ou des corps parfaits exhibés par le cinéma commercial. «C'est ce que l'on voulait montrer. Si l'amour est un tremblement de terre, cela vient aussi avec le sexe. Il ne faut pas avoir honte de nos corps», dit Andreas Dresen.

Peu de dialogues ponctuent la première partie du film: la rencontre foudroyante, les vaines tentatives d'Inge pour résister, sa vie conjugale, tout cela se passe de mots. «Quand le conflit se développe, les mots arrivent dans l'histoire, et ne règlent rien! Les mots sont en fait la source des problèmes», explique le réalisateur.

Wolke 9 ne se contente toutefois pas de dépeindre béatement l'amour: la relation nouvelle d'Inge et Karl fera au moins une victime, le mari d'Inge. «Au moins, l'histoire dit toute la vérité. Il y a toujours deux côtés à une médaille», explique le réalisateur.

«Si tu tombes amoureux, même si tu as 70 ans, tu as peut-être les mêmes sentiments qu'à 17 ans. D'un autre côté, si on te quitte à 70 ans, tu as peu de temps pour t'organiser une nouvelle vie. Ça peut être dur, à tout moment de notre vie, comme cela peut être merveilleux, à tout moment de notre vie», dit-il.

Cette dualité est comprise dans le titre original allemand Wolke 9 («nuage 9»), «Wolke 9 cela veut dire que tu voles plus haut, mais que tu peux aussi tomber plus bas. Le titre allemand garde cela aussi. Ça n'a pas été facile à traduire», précise Andreas Dresen.

Le réalisateur, qui a déjà plusieurs longs métrages à son actif - Grill Point et Un été à Berlin, entres autres - connaît avec son plus récent film un succès à la fois critique et public, en Allemagne. «C'est vraiment exceptionnel. Ce qui est très touchant, aussi, ce sont les spectateurs plus âgés qui m'ont dit se reconnaître dans le film, et revenir au cinéma, alors qu'ils n'y avaient pas mis les pieds depuis 20 ou 30 ans. Ils sont contents: le film a quelque chose à voir avec eux, et a du respect pour eux», avance le réalisateur.

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Wolke 9 (Septième ciel, avec sous-titres en français et Cloud 9, avec sous-titres en anglais) prend l'affiche vendredi à Ex-Centris et au cinéma AMC Forum.