Denise Robert vient d'une famille de huit enfants. Petite, elle s'est souvent butée au refus de ses parents. «Pour eux, c'était plus facile à gérer», raconte la productrice, qui croit avoir puisé dans sa jeunesse une attitude la guidant maintenant dans son métier, même quand les temps sont plus durs et que l'oreille des gouvernements se fait moins attentive.

«Je suis une éternelle optimiste. Quand un projet se présente, je vais tout faire pour que ça se fasse. Pour moi, «non», c'est juste une porte à ouvrir», a-t-elle affirmé hier, avant la première à Québec du film Le grand départ.

Le cinéma québécois ne manque pas de vigueur. Même que Denise Robert a repoussé la sortie de ce premier long métrage de Claude Meunier pour ne pas entrer en concurrence avec d'autres productions d'ici.

«Je suis contente de sortir enfin le film. J'avais très hâte de le présenter, a-t-elle indiqué. Il y a tellement de films québécois qui sortent. Avant, tu finissais un film et tu le sortais. Maintenant, tu dois attendre ton tour. Sortir en même temps qu'un film américain ne me pose aucun problème. Mais en même temps qu'un film québécois, c'est autre chose», a ajouté la productrice, qui a goûté au glamour de Hollywood quand le film Les invasions barbares a remporté l'Oscar du meilleur film étranger, en 2004.

Accompagner les créateurs

Selon Denise Robert, la Belle Province peut se vanter d'avoir un terreau fertile pour le talent. Reste maintenant à investir les ressources nécessaires pour encourager son développement.

 

«On a une richesse de créateurs, ici au Québec, pour une population minuscule. Et ce n'est pas limité au cinéma, observe-t-elle. Le seul problème, et c'est le même dans tous les petits pays, c'est le manque chronique d'argent.»

La productrice dit se réjouir d'un contact plus favorable avec le gouvernement provincial. Avec Ottawa, les choses sont moins simples.

«Quand on voit comment ils (les conservateurs) ont entamé leur règne...» laisse-t-elle tomber, en pesant ses mots.

La solution, martèle la productrice, passe par un changement d'attitude : «Il faut comprendre que le cinéma, c'est un métier. Ça prend des années à se développer. Denys Arcand avait 20 ans de métier quand il a fait le Déclin. C'est une continuité. On ne fait pas une carrière sur un tableau. C'est l'ensemble qui fait l'oeuvre. Et chaque film emmène plus loin dans la démarche. Il faut voir à long terme et accompagner les créateurs.»