Pour sa première réalisation en solo, Frank Miller s'attaque à une oeuvre phare de son mentor, Will Eisner. Gabriel Macht, Eva Mendes, Scarlett Johansson et Samuel L. Jackson ont été choisis pour donner chair à des personnages de bédé.

Jusqu'à la mort de Will Eisner il y a près de quatre ans, Frank Miller a entretenu un lien affectif mais tumultueux avec son mentor. «Nos rapports pouvaient être aussi intenses que peuvent l'être ceux entre un Irlandais catholique et un juif du Bronx! a déclaré Miller la semaine dernière au cours d'une conférence de presse tenue à New York. Notre amitié, qui a duré 25 ans, était fondée sur l'obstination!»

Dans l'esprit de tout le monde, particulièrement dans celui des producteurs du film, il était pourtant clair que l'adaptation cinématographique des aventures du personnage qu'a créé le chef de file de la bande dessinée américaine ne pouvait échoir à personne d'autre que Frank Miller. Héritier spirituel d'Eisner, l'auteur de Sin City et de 300 signe ainsi sa première réalisation en solo en portant à l'écran l'univers d'un autre créateur. «Dans un cas comme celui-là, le meilleur moyen de produire une bonne adaptation est de rester le plus fidèle possible au modèle, dit-il. J'aimerais que Will soit heureux du résultat.»

Créée en 1940, la bande dessinée The Spirit relate les aventures d'un justicier masqué qui, comme ses collègues Batman, Superman et compagnie, combat le crime dans une mégalopole nommée Central City, le véritable amour de sa vie. Amputé de pouvoirs spéciaux, le Spirit, un ancien policier mystérieusement revenu à la vie huit heures après sa mort, hante les recoins de la grande ville vêtu d'un complet cravate, avec feutre et gants assortis. Quand il ne combat pas les vilains garnements, ce séducteur incorrigible aligne les conquêtes féminines.

Gabriel Macht, vu notamment dans The Good Shepherd et A Love Song for Bobby Long, a été choisi pour se glisser dans la peau du personnage. «Pour un jeune acteur, camper le personnage principal d'une production de ce genre constitue une chance exceptionnelle, a-t-il déclaré. On se présente toujours à une audition avec l'espoir de décrocher un rôle qui fera de vous une révélation. Je ne sais pas si ce sera le cas avec The Spirit, mais le potentiel est là, ça, c'est certain.»

Dans cette aventure où les acteurs ont essentiellement dû travailler devant un écran vert afin que des images de synthèse puissent ensuite être composées, Macht est particulièrement bien entouré.

Octopus, l'ennemi juré du Spirit, est en effet incarné par Samuel L. Jackson. Ce dernier, déjà fan de la bande dessinée, s'en est donné à coeur joie. «C'est d'autant plus vrai que Frank m'a donné carte blanche, a indiqué l'acteur. J'ai ainsi pu me laisser aller à la folie du personnage. Ce qu'il y a de formidable avec l'esprit d'une bande dessinée, c'est qu'on peut se vautrer dans l'outrance sans que ça tombe vraiment dans la méchanceté. Ça reste juste amusant.»

Scarlett Johansson prête de son côté ses traits à Silken Frost, l'adjointe d'Octopus, dont le look très particulier laisse deviner le feu sous la glace. «Je ne connaissais rien de cet univers, car je ne suis pas naturellement attirée par la bande dessinée, a-t-elle expliqué. J'avais toutefois très envie de travailler sous la direction de Frank Miller. Le problème, c'est qu'il n'y avait pas de rôle pour moi dans le scénario original. Après une rencontre qui a duré trois heures dans un restaurant, Frank a convenu de créer le rôle de Silken Frost. Je me suis sentie très privilégiée.»

Par ailleurs, la femme fatale de l'histoire a pour nom Sand Saref, une experte en vol de bijoux, bombe ambulante qui fait des ravages partout où elle passe, et avec qui le Spirit pourrait avoir une histoire commune.

«Voilà un type de personnage qui te permet d'aller aussi loin que tu peux sur le plan de la féminité, fait remarquer Eva Mendes, interprète de Sand Saref. Cela dit, il ne s'agit pas ici d'un personnage de «bimbo» écervelée. Je n'aurais pas accepté le rôle s'il en avait été ainsi. D'ailleurs, tous les personnages féminins de cette histoire sont forts à leur manière. Sand a néanmoins une faille, qu'elle comble avec ce besoin compulsif de se parer de bijoux et de séduire. Elle utilise toutes les armes dont elle dispose, y compris celle de la séduction.»

«Il est vrai que chaque personnage possède une vraie dimension, renchérit Scarlett Johansson. Cela dit, y a assurément dans ce film un aspect eye candy (régal pour l'oeil). On ne peut le nier!»

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The Spirit (Le Spirit en version française) prend l'affiche le 25 décembre. Les frais de voyage ont été payés par Films Séville (Lionsgate).