Il n’y avait pas beaucoup de monde dans les salles pour Tout est parfait, mercredi après-midi en France – 52 spectateurs sur quatre salles parisiennes à 14h –, et pourtant, la sortie du film d’Yves-Christian Fournier en France est plutôt réussie.

En tout cas conforme aux prévisions: sans être unanimes, les critiques sont globalement positives, et du côté du distributeur UGC, on se déclare satisfaits de cette «petite» sortie.

«C’est un film que nous avons choisi parce que nous l’adorions, explique en entrevue Romain Rojtman d’UGC, mais bien entendu nous n’avons jamais raisonné en termes commerciaux. C’est un film très dur, qui porte sur le suicide des jeunes, sans la moindre vedette au générique, et avec un tel accent qu’il faut le sous-titrer. Donc rien à voir avec C.R.A.Z.Y. ou même Congorama.

Il s’agit d’une petite sortie, comme il s’en fait de plus en plus rarement car c’est devenu très difficile, sans promotion publicitaire, sans tournée de presse d’acteurs, et donc strictement appuyée sur la critique et le bouche à oreille. On mise sur le long terme, les festivals, et on espère seulement faire le meilleur résultat possible. Cela dit, ce n’est pas une opération à fonds perdu: on a les droits pour la Belgique et la Suisse, et la vente à la télé française est presque conclue.» Le film a été acheté en février 2008 sur «un coup de coeur» par UGC, mais les tests faits auprès des exploitants ont incité à réduire la voilure: la sortie se fait donc sur 10 copies seulement, mais qui devraient tourner sur une quarantaine de salles au total. «En ce qui concerne les tout premiers chiffres, ajoute Rojtman, ils ne sont pas significatifs: aujourd’hui à Paris, il faisait -10˚C et c’était le premier jour des soldes. Donc tous les nouveaux films étaient sinistrés.» Motif de satisfaction: les critiques sont majoritairement positives.

L’Humanité est carrément enthousiaste: «C’est actuel, dur et vrai. C’est un film revolver.» Télérama, influent hebdo culturel, est lui aussi louangeur: «Les excès (de l’adolescence) sont assez finement rendus… L’ensemble pourrait faire basculer le film vers le trip vaporeux s’il n’y avait la consistance des acteurs, tous excellents. En premier lieu, Maxime Dumontier, regard tendu et corps ramassé, qui incarne très bien la culpabilité sourde du survivant.» Entre zéro et trois étoiles, Le Point lui en décerne une, comme L’Express, mais Le Nouvel Obs et Le Figaro, deux. Pour un film «petit» et difficile, c’est plus qu’honorable. Même si Le Monde est plus mitigé: «Une honnêteté qui ne sauve pas le film de la routine.» Et Le Canard enchaîné lui reproche d’être trop «branché»: «Fournier aligne des séquences très dures… et d’autres flottantes, esthétisantes, comme dans le clip d’un groupe indépendant…»

En somme, un joli succès d’estime, et peut-être le début d’une carrière périphérique dans le réseau des salles art et essai et les festivals.