Avec Un homme et son chien de Francis Huster, à l'affiche mercredi en France, Jean-Paul Belmondo fait un retour émouvant à l'écran à 75 ans, sept ans après un accident vasculaire cérébral et une longue rééducation, toujours en cours, pour surmonter des difficultés d'élocution et de motricité.

La star française dont la carrière est jalonnée de rôles intrépides et facétieux, multipliant cascades et prises de risques, est confrontée avec ce film à un registre inédit: le drame psychologique.

«Le Magnifique» -- titre d'une de ses comédies à succès, en 1973 -- interprète cette fois-ci un vieil homme blessé par la vie, livré à la rue du jour au lendemain, avec un chien pour seul compagnon.

Dans les notes de production, Jean-Paul Belmondo dédie ce retour au cinéma aux jeunes handicapés qu'il a croisés pendant sa convalescence.

«J'ai pu me rendre compte que des jeunes de 20 ans étaient dans un état bien pire que le mien. Quand j'ai quitté l'hôpital, je me suis juré de me battre pour leur montrer qu'on peut encore faire quelque chose. Je ne savais pas quoi mais j'en avais la volonté. Finalement, ce sera ce film. Je le fais pour eux», confie l'acteur cité dans le dossier de presse. Belmondo n'a quasiment pas assuré la promotion du film, en raison d'un conflit avec la production pour certains, ou de la fragilité de son état pour d'autres.

Malgré son handicap, Belmondo n'a rien perdu de ses capacités d'interprétation : il livre un jeu juste, d'autant plus bouleversant quand il n'élude rien de la réalité de son état.

 «Ce film ne ressemble à rien de tout ce que j'ai pu tourner. Ce sera au public d'en juger», ajoute l'acteur qui reprend le rôle créé en 1952 par Carlo Battisti dans «Umberto D.», sous la direction de Vittorio de Sica.

 «Je ne décide pas de revenir pour la gloire, mais parce que je me retrouve dans cette histoire, empreinte de dignité et d'honneur d'un homme qui a beaucoup vécu, qui paraît en fin de vie et qui retrouve, peut-être, une certaine forme d'espoir dans l'existence», dit encore «Bébel».

«Pour ce rôle, c'était Belmondo ou personne. Il n'y a que lui qui pouvait incarner cet être jamais abattu et revenu de tout. C'est ce que Jean-Paul est dans la vraie vie», a affirmé à l'AFP Francis Huster.

Adapté par Francis Huster dont c'est le deuxième long métrage, «Un homme et son chien» réunit autour de Belmondo une pléiade de proches, accompagnant par une courte apparition, son retour à l'écran : Charles Gérard, Jean Dujardin, Max Von Sydow, Pierre Mondy, Robert Hossein, José Garcia ou Françoise Fabian.

La jeune comédienne Hafsia Herzi, César du meilleur espoir féminin 2008 pour «La graine et le mulet», émeut dans le rôle d'une employée de maison qui tente de prendre le vieil homme sous son aile.

Huster espère réunir à nouveau Jean-Paul Belmondo et Jean Dujardin dans un remake du «Kid de Cincinnati», film tourné en 1965 par Norman Jewison, avec Steve McQueen et Edward G. Robinson, dans lequel un champion de poker est défié par un joueur amateur.

Jean-Paul Belmondo n'avait pas tourné depuis juillet 2001. Philippe de Broca lui avait alors confié l'un des principaux rôles de «Amazone», avec Arielle Dombasle.