Le cinéma Parallèle et le Festival du nouveau cinéma (FNC) demandent un sursis d'un an à Ex-Centris. Claude Chamberlan, directeur de la programmation du FNC et fondateur du Parallèle, doit rencontrer aujourd'hui Daniel Langlois, président-fondateur d'Ex-Centris, dans l'espoir d'obtenir ce délai.

M. Chamberlan, ancien programmateur et aujourd'hui ambassadeur d'Ex-Centris, demandera à M. Langlois de retarder d'une année la fermeture de ses trois salles de cinéma. «C'est seulement lundi que j'ai appris la nouvelle, raconte-t-il, ébranlé. La décision est venue sans avertissement. Ça nous laisse très peu de temps pour trouver une autre salle pour le Parallèle et pour organiser le prochain FNC. Il est raisonnable et légitime de demander plus de temps pour assurer la transition.»

Rappelons que mardi, Ex-Centris a annoncé que sa programmation cinéma régulière cesserait le 20 mars. Le Parallèle, un cinéma sans but lucratif qu'hébergeait Ex-Centris dans sa plus petite salle, devra donc déménager. Les salles du complexe seront réaménagées avant que ne débute, vers la fin de l'été, une nouvelle programmation axée sur les arts multidisciplinaires et les nouvelles technologies.

Si M. Langlois n'accorde pas de sursis, le prochain FNC pourrait ne pas se dérouler comme les précédents à Ex-Centris. La nouvelle configuration des salles - dont on sait très peu de choses pour l'instant - compliquerait la tenue de l'événement. On ignore par exemple si les deux salles principales conserveront leurs sièges. Et la troisième, plus petite, devrait perdre son écran.

«Daniel (Langlois) a toujours été extrêmement généreux, précise Claude Chamberlan. Il a soutenu financièrement plusieurs de nos projets. Je respecte sa nouvelle décision. Mais pour bien faire les choses, on veut seulement plus de temps.»

Renverser la décision

Dans un communiqué publié hier, Louis Dussault, distributeur de K-Films Amériques, demande à Daniel Langlois de revenir sur sa décision. «Ex-Centris représente de 30 à 50 % de recettes de distributeurs indépendants comme nous ou Fun Films et Métropole, explique-t-il au téléphone. C'est aussi une vitrine qui permet de vendre ensuite nos films en région. L'impact dans l'économie du cinéma est majeur. Des films risquent maintenant d'être sacrifiés ou lancés directement en DVD.»

Louis Dussault souligne dans sa missive la contribution au cinéma de Daniel Langlois, un «homme remarquable ayant fait fortune avec ses méninges seulement». Mais il croit que le mécène «gaspille aujourd'hui son capital de sympathie». Un groupe Facebook consacré à la sauvegarde du cinéma à Ex-Centris, qui avait recruté plus de 4000 membres hier soir, le montre bien selon lui.

«En construisant Ex-Centris, Daniel Langlois avait détruit les deux salles de L'Élysée. Il s'était moralement engagé à les remplacer», explique M. Dussault.

Il y a quelques années, Claude Chamberlan demandait quant à lui à son partenaire Daniel Langlois de construire davantage de salles. «Quand un endroit fonctionne aussi bien, tu ajoutes habituellement des salles, explique-t-il. C'est ce que le Beaubien vient de faire, et c'est ce que j'avais proposé pour Ex-Centris. On aurait pu ajouter des salles à l'édifice à côté, pour faire du multidisciplinaire et du cinéma.»