L'auteur français Éric-Emmanuel Schmitt complète à Montréal le tournage du film basé sur son roman Oscar et la dame rose. Visite sur le plateau.

«C'est un film sur la vie, vraiment. Trop souvent, on fait comme si on était immortel. Oscar, lui, doit vivre chaque jour comme s'il valait 10 années. Si on l'imitait, on vivrait mieux. On profiterait de tout, tout», raconte Michèle Laroque.

Assise dans le studio Mel's III, l'actrice française qui interprète Rose se cache sous une robe de chambre grise à carreaux. On aperçoit seulement ses bottes rose électrique, signe du costume que la production ne veut pas dévoiler aux médias.

Les lecteurs d'Eric-Emmanuel Schmitt auront d'autres surprises en voyant cette coproduction Québec-France-Belgique dotée d'un budget de 14 millions. Rose, une octogénaire autant dans le roman que dans l'adaptation théâtrale, est jouée cette fois par une actrice de 48 ans.

«Je voulais exprimer quelque chose de différent avec le film, explique Schmitt. Il donne davantage le point de vue de Rose, une Rose qui elle-même est différente.»

Dans le roman, Rose vend des pizzas à l'hôpital. On la congédie. Mais elle est réembauchée à une condition: qu'elle s'occupe aussi d'Oscar, un enfant leucémique âgé de 10 ans. Elle lui propose un jeu: faire compter chaque journée de sa vie pour 10 ans. Ce cadre reste le même, mais la psychologie de Rose change.

«Ce n'est plus la gentille bénévole du livre, explique Michèle Laroque. On doit la forcer à faire du bénévolat. Sa vie ne va pas bien du tout, mais elle changera grâce à Oscar.»

Le film comportera plusieurs scènes oniriques, des rêveries d'Oscar encouragées par Rose. Ce sont essentiellement ces scènes qui sont tournées à Montréal. Plusieurs sont chorégraphiées par Franco Dragone.

Benoît Brière est le principal acteur québécois de la distribution. Schmitt l'avait remarqué lors d'une représentation de la pièce Don Juan en 2000. À notre visite sur le plateau, le comédien était déguisé en arbitre loufoque. Harnaché sur le bord du ring, il subit les assauts de combattants fantaisistes. «Comme Téton Royal, une géante de 7 pieds 2 qui me projette dans les airs avec son souffle, explique-t-il. J'adore ce nom.»

Pas de pathos

Après l'adaptation cinématographique d'Odette Toulemonde, Schmitt a hésité avant de transposer un deuxième roman au grand écran. «Je craignais qu'en voyant cet enfant, on n'arrive plus à l'entendre. Puis je suis allé visiter des enfants malades. J'ai vu des jeunes d'une grande beauté. Tout à coup, ça ne me gênait plus, car je voyais le jeune plutôt que la maladie. Le déclic vient de là», se souvient l'auteur-scénariste-réalisateur.

Pourtant, il ne s'agissait pas d'une première visite du genre pour ce fils de kinésithérapeute. Plus jeune, son père l'emmenait rencontrer des malades de son âge les jeudis et samedis après-midi. «Il m'en est resté quelque chose. Je considère maintenant que la maladie est normale. Ce qui est curieux, c'est d'être en bonne santé.»

Mais comme le laissent présager les deux brèves scènes ludiques vues sur le plateau, le film ne sera pas trop lourd. «C'est émouvant, pas triste. Je n'aime pas le pathos, justifie le réalisateur. Quand une situation est grave, je la compense par l'humour.»

Amir Benabdelmounen (Oscar) et Max Von Snydow (Dr Dusseldorf) complètent la distribution du long métrage distribué par Alliance Vivafilm et coproduit par Denise Robert et Daniel Louis (Cinémaginaire), Pan Européenne (France) et Oscar Films (Belgique). Il prendra l'affiche à l'hiver 2009-2010.