Le 59e Festival de Berlin s'ouvre ce soir avec la première mondiale de The International, un thriller politico-financier réalisé par Tom Tykwer, un enfant du pays. Jusqu'au 15 février, la planète cinéma tournera autour de la capitale allemande pour le premier grand rendez-vous cinématographique du calendrier.

Pour lancer ce soir la 59e Berlinale, le directeur Dieter Kosslick n'aurait pu rêver mieux. The International, présenté hors compétition, est une production hollywoodienne luxueuse, tournée en grande partie à Berlin sous la direction d'un cinéaste allemand.

En retenant le film pour ouvrir le premier des grands festivals de cinéma internationaux figurant au calendrier annuel (Cannes viendra au printemps; Venise et Toronto à l'automne), le sélectionneur en chef s'est assuré d'une présence relevée sur le tapis rouge. Clive Owen et Naomi Watts sont en effet les têtes d'affiche du film d'ouverture, et le légendaire acteur allemand Armin Mueller-Stahl est aussi de la partie. D'une certaine façon, le film de Tykwer symbolise aussi la marque de commerce d'un festival dont la programmation a toujours été axée sur les films privilégiant des sujets d'actualité.

«Nous avons sélectionné The International il y a plusieurs mois, mais depuis, c'est presque devenu un documentaire sur la crise financière!» a déclaré Kosslick lors de la conférence de presse annonçant la programmation. L'intrigue du nouveau film de Tom Tykwer (Cours, Lola, cours, Le parfum) s'articule en effet autour des efforts que mettent deux agents pour poursuivre en justice une institution financière impliquée dans de multiples activités illégales.

De grosses pointures

Dix-huit longs métrages peuvent prétendre à l'Ours d'or, la distinction suprême du Festival de Berlin. Plusieurs grosses pointures du cinéma mondial se retrouvent ainsi en compétition, notamment le vétéran cinéaste polonais Andrzej Wajda (Tatarak), le Chinois Chen Kaige (Forever Enthralled est un film sur Mei Lanfang, chanteur légendaire de l'Opéra de Pékin), la Britannique Sally Potter (les têtes d'affiche de Rage sont Jude Law, Judi Dench et Dianne Wiest), le Suédois Lukas Moodysson (Mammoth avec Gael Garcia Bernal et Michelle Williams), sans oublier le Britannique Stephen Frears. Ce dernier présentera Chéri, l'adaptation du roman homonyme de Colette, dans lequel il retrouve l'une des vedettes de Dangerous Liaisons, Michelle Pfeiffer.

Comme à l'accoutumée, la France envoie aussi un contingent solide à Berlin, à la différence que plusieurs de ses films ont été réalisés dans une autre langue que celle de Molière. C'est notamment le cas du nouveau film de Bertrand Tavernier, qui est allé tourner In the Electric Mist en Louisiane avec Tommy Lee Jones, de même que de celui réalisé par Rachid Bouchareb. Le cinéaste d'Indigènes propose en effet London River, un film inspiré des attentats londoniens de 2005. En revanche, François Ozon arrive avec un nouveau film français sous le bras. Ricky est une fable particulière dont le personnage principal est un bébé doté de pouvoirs étonnants...

Theo Angelopoulos (The Dust of Time), Claude Chabrol (Bellamy), Costa-Gavras (Eden à l'ouest) et Stephen Daldry (The Reader) présentent leurs plus récentes offrandes hors-concours. The Pink Panther 2 a été choisi en guise de friandise pour clôturer le festival.

Thèmes politiques et sociaux

En marge de la course à l'Ours d'or, qui sera attribué le 14 février par un jury présidé par l'actrice écossaise Tilda Swinton, la programmation des sections parallèles annonce de nombreux films abordant des thèmes politiques et sociaux.

Le festival se penchera notamment sur le contenu de nos assiettes, avec les documentaires Food, inc. de l'Américain Robert Kenner, sur les méthodes de l'industrie agroalimentaire, ou Terra Madre, où l'Italien Ermanno Olmi ausculte le mouvement «éco-gastronomique» du slow food.

Berlin n'oubliera pas non plus les 20 ans de la chute de son mur, en novembre prochain, avec une rétrospective consacrée au cinéma des pays communistes de la fin de la Guerre froide.

Un film collectif composé de 13 courts métrages figure aussi au programme. Allemagne 09 a été réalisé par quelques-uns des plus illustres représentants du cinéma national, parmi lesquels Fatih Akin (De l'autre côté), Wolfgang Becker (Good Bye Lenin) et Tom Tykwer, réalisateur du film d'ouverture.

Une quinzaine de productions canadiennes, parmi lesquelles plusieurs courts métrages, sont par ailleurs disséminés au gré de différentes sections parallèles du festival. Du côté québécois, on remarque bien entendu la présence de C'est pas moi, je le jure! (Philippe Falardeau), en compétition dans la section Génération, de même que celle de L'encerclement - La démocratie dans les rets du néoréalisme de Richard Brouillette. Ce documentaire, présenté l'automne dernier au Rencontres internationales du documentaire de Montréal, est programmé ici dans la section Forum.

Les nouveaux longs métrages de John Greyson (Fig Trees) et de Gary Yates (High Life) sont aussi présentés en primeur à Berlin. Ces deux derniers films ont été sélectionnés dans la section Panorama.

Le Festival de Berlin se poursuit jusqu'au 15 février.