Toile de fond pour des fictions ou thème principal de documentaires, la justice internationale profite de la 59e Berlinale pour travailler son image, peu ou mal définie.

Les procureurs de deux des cours installées à La Haye, celui du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie Serge Brammertz et celui de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo sont venus ce weekend à Berlin, où le festival présente trois films inspirés par leurs institutions.

«Les films peuvent nous aider pour que les gens comprennent la justice internationale», expliquait dimanche à l'AFP Luis Moreno-Ocampo. «Si les citoyens ne se sentent pas concernés, les dirigeants ne le seront pas», ajoutait le chef de l'accusation du premier tribunal permanent chargé des crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocides.

«Il est important que les gens aient des informations sur les institutions qui tentent de résoudre les crimes (...). Mes enfants apprennent à connaître mon travail par les films», assurait-il. «Le cinéma peut combler le fossé des générations».

Le procureur argentin remet lundi lors d'une soirée caritative le premier Prix de la justice décerné par la Fondation Cinema for Peace, lors d'un dîner de gala aux côtés de Mikhaïl Gorbatchev ou d'artistes «engagés» comme l'ancien Pink Floyd Roger Waters, Bob Geldorf ou Leonardo DiCaprio.

Avec l'aide de la CPI, plusieurs documentaires ont été réalisés sur cette jeune institution, et d'autres sont en préparation.

Le TPI comme la ville de La Haye ont aidé l'Allemand Hans-Christian Schmid à réaliser Sturm, en compétition officielle. On peut y reconnaître certains aspects d'affaires en cours devant le TPI, ou des personnages.

Quant au TPIR, son homologue pour le Rwanda, il est au coeur du documentaire D'Arusha à Arusha, du Français Christophe Gargot, présenté au Forum, l'une des deux sections parallèles de la Berlinale.

Sturm met en scène une procureure du TPI en Mère courage s'opposant aux ententes que les politiques, à commencer par la hiérarchie onusienne elle-même, seraient tentés de conclure.

Elle tente alors de convaincre une ex-victime - jouée par Anamaria Marinca, popularisée par la Palme d'or 2007 Quatre mois, trois semaines et deux jours - de témoigner, en dépit du bouleversement que cela pourrait provoquer dans une vie plus ou moins «normalisée» après la guerre.

En prenant l'exemple de la guerre de Bosnie (1992-95), Sturm pose une question de fond : justice ou politique, comment réparer au mieux les torts causés aux victimes?

Bien qu'il ait tourné une fiction, ce qui le dédouane des nombreuses invraisemblances du film, Schmid s'est posé moins en cinéaste qu'en défenseur de la mission du TPI lors de la traditionnelle conférence de presse à Berlin.

«Nous voulions montrer les pressions diplomatiques qui s'exercent sur le TPI», a-t-il déclaré, insistant sur le fait que l'Onu avait initialement programmé la fermeture du TPI pour 2010.

«Pour les témoins de ces guerres il est difficile de témoigner,» a-t-il expliqué. «Il faut plus de temps» au TPI.