Récompensé d'un Ours d'honneur en 2006, le cinéaste polonais Andrzej Wajda, 82 ans, revient pour la septième fois en compétition à la Berlinale avec Sweet Rush vendredi, à la veille de la cérémonie de clôture.

Alors que la compétition, de l'avis général plutôt terne, touche à sa fin, la comédie La panthère rose 2 était montrée en projection spéciale.

Sur le tapis rouge, ses acteurs Aishwarya Rai Bachchan, Steve Martin et Jean Reno devaient côtoyer dans la soirée de jeunes réalisateurs allemands auteurs de 13 courts métrages réunis dans Germany 09.

Avec Sweet Rush, Wajda abandonne les thèmes historiques au centre de Katyn, son film précédent, L'Homme de marbre ou encore L'homme de fer, lauréat de la Palme d'Or 1981 à Cannes.

Après avoir relaté la tragique disparition de son père, l'un des officiers polonais massacrés par les Soviétiques en 1940, dans Katyn, nommé aux Oscars et en compétition l'an dernier à Berlin, le cinéaste s'est cette fois inspiré d'un nouvelle de l'écrivain Jaroslaw Iwaskiewicz.

Sweet Rush met en scène deux histoires parallèles : celle de Marta, jouée par Krystyna Janda, une femme mûre, épouse d'un docteur de campagne chez qui ce dernier détecte une maladie en phase terminale.

Sentant sa jeunesse se flétrir, Marta éprouve une irrésistible attirance pour un jeune garçon dénommé Bogus (Pawel Szajda) qui comme elle, aime à se promener sur la rive bordée de joncs d'une rivière.

Mais la narration s'interrompt pour laisser place à une autre histoire, relatée par Krystyna Janda, l'actrice : celle du décès, en janvier 2008, de son mari Edward Klosinski, directeur de la photographie et comme elle collaborateur de longue date de Wajda.

Filmée dans la pénombre d'une chambre d'hôtel, elle met à nu son chagrin au fil d'un monologue filmé en plan séquence, tandis que d'autres séquences la montrent sur le tournage où elle joue Marta, dans un jeu permanent entre fiction et réalité.

Mais hormis l'imminence de la mort d'un personnage, rien ne lie véritablement les deux histoires de «Sweet rush», ce qui déroute le spectateur.

Vendredi la Berlinale accueille hors compétition Germany 09, un film collectif sur le thème de «l'état de la nation» allemande, signé par treize jeunes cinéastes parmi lesquels Fatih Akin, récompensé d'un Ours d'or en 2004 avec Head On et Tom Tykwer, dont le film The International a lancé le festival.

Incisifs politiquement et assez sombres, la plupart des courts métrages qui le composent critiquent les dérives financières ou sécuritaires de la société.

Le germano-turc Fatih Akin relate le drame vécu par Murat Kurnaz, un homme de nationalité turque vivant en Allemagne, incarcéré pendant près de cinq ans à Guantanamo avant d'être libéré en 2006 sans être poursuivi.

Surnommé le «taliban de Brême», Kurnaz, incarné par un comédien, dénonce dans un entretien avec un journaliste l'attitude de l'actuel ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier qui aurait bloqué sa libération, pourtant proposée par les autorités américaines.

Tykwer met en scène un homme d'affaires qui perd tout sens de la réalité, car il fait le tour d'une planète uniformisée : sautant d'un avion à l'autre, il dort dans le même hôtel à Paris, Tokyo ou Bombay, buvant le même café servi, avec le même sourire, par la même enseigne de restauration.

Enfin, Dominik Graf déplore la destruction partout en Allemagne des lépreux édifices de l'après-guerre, «aux couleurs de notre enfance», remplacés par des immeubles en verre dont la transparence trahit, dit-il, un fantasme de contrôle.