Six étudiants accompagnent six jeunes adultes trisomiques pour gravir, ensemble, le Machu Picchu et participer ensuite à un projet humanitaire.

Trisomie 21: le défi Pérou
est le récit de ce voyage peu ordinaire, au cours duquel tout le monde apprend sur soi et sur les autres. La documentariste Lisette Marcotte a suivi cette expédition et a, pour la première fois, côtoyé des personnes trisomiques: «J'avais tout plein de préjugés, pas forcément négatifs. Je les mettais tous dans la même case. À force de les côtoyer, je me suis rendue compte qu'ils étaient tous différents. Ça a été une révélation pour moi.»

Le film, destiné à la télévision, devait d'abord durer 45 minutes. Lisette Marcotte propose une version longue pour le grand écran, qui a séduit le public du festival de Rouyn-Noranda.

«Je ne sais pas jusqu'où le film va aller, mais il y a quelque chose qui dépasse nos propres attentes», croit la réalisatrice.

Q Comment est né ce film?

R Je me suis greffée un peu à un projet existant, par l'entremise du producteur, qui m'a demandé de participer à cette belle aventure. J'ai embarqué sans hésitation: j'en voyais tout le potentiel. Quand j'ai rencontré les jeunes avant le départ, cela a été un coup de coeur.

Q Comment s'est passé le tournage?


R C'est sûr qu'il y avait une complicité au départ, c'était l'une des forces de l'équipe. Il y avait une façon de tourner aussi: on faisait vraiment partie de l'expédition. Notre équipe devait aussi marcher, faire l'ascension, quand nous ne tournions pas, il y avait vraiment un rapprochement. On était avec eux: à ce moment-là, la caméra a une position très intime.

Je pense que cela fait partie des forces du projet. C'est une aventure pour l'équipe technique comme pour les participants. Il y avait quand même quelques défis techniques: pour nous aussi, c'était dur.

Q Qu'est-ce qui vous paraît être le message à retenir de Trisomie 21: le défi Pérou?

R
Moi, ce que j'aimerais que l'on retienne, c'est l'humanisme qui émane de ça, le fait que les uns permettent aux autres de se révéler à eux-mêmes. Au début, les jeunes avec une trisomie ont beaucoup de difficultés physiques, mais après, les rôles s'inversent: ils deviennent des soutiens pour les autres jeunes, qui ont peut-être plus de problèmes avec le choc des cultures.

Q On sent les difficultés des étudiants à s'adapter. C'est vraiment fascinant.


R Cela permet de réaliser à quel point les personnes trisomiques peuvent apporter leur contribution à notre société. Quand je suis revenue du Pérou, j'ai été transformée par leur bonheur simple des choses - l'ici et le maintenant. Ils nous font vraiment du bien: ce sont des diamants bruts. L'instigateur du projet, Jean-François Martin, le dit dans le film: son fils a contribué à le faire grandir, à faire de lui ce qu'il est aujourd'hui. Cela soulève beaucoup de questions.

Q Quel accueil souhaiteriez-vous que les spectateurs réservent au film?

R
Je voudrais que les gens s'ouvrent autant que je l'ai fait afin de s'exposer à ce grand message d'amour universel. Je pense que c'est un film d'amour (rires)! Quand je regarde ça, autant avec les Péruviens que les participants, le film suscite des réflexions beaucoup plus larges que celles touchant seulement la trisomie.