La course aux Jutra sort de l'ordinaire cette année. Aucun film ne peut en effet prétendre au titre de favori, une demi-douzaine d'entre eux se partageant les nominations les plus importantes.

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Cette année, le film le plus souvent nommé pour le gala des Jutra, Babine, doit se contenter de mentions dans des catégories «techniques»: meilleur son, meilleur maquillage, meilleurs costumes ainsi que meilleure direction artistique et meilleure musique.

Fred Pellerin est tout de même finaliste au Jutra du meilleur scénario. Luc Picard, lui, n'a pas été retenu à titre de réalisateur parmi les candidats aux Jutra, mais pour son rôle de soutien. Dans la peau de Babine, Vincent-Guillaume Otis figure parmi les finalistes au Jutra du meilleur acteur.

Avec six nominations, dont celles du meilleur film et de la meilleure réalisation, Borderline rencontre, après le succès en salle et dans les festivals (Angoulême, notamment), la reconnaissance de l'industrie. «On ne sait jamais la carrière qu'un film va avoir, mais ça se termine bien, autant pour les Génie que pour les Jutra», se félicite Roger Frappier, producteur.

Ce qu'il faut pour vivre peut aussi prétendre au Jutra du meilleur film. Le scénario de Bernard Émond, la réalisation de Benoît Pilon ainsi que le jeu de Natar Ungalaaq ont aussi retenu l'attention des électeurs dans leurs catégories respectives. Toujours pour Ce qu'il faut pour vivre, Robert-Marcel Lepage est, lui, en lice pour le Jutra de la meilleure musique.

C'est pas moi, je le jure!, de Philippe Falardeau (qui vient de gagner deux prix à Berlin), est aussi bien placé dans la compétition avec sept nominations, dont celle de meilleur film et de meilleur scénario. «Choyé», selon son propre mot, par les précédentes soirées des Jutra, Philippe Falardeau n'est pas déçu de ne pas figurer parmi les finalistes au Jutra de la meilleure réalisation. «J'aimerais partager ces nominations avec Antoine L'Écuyer: il a fait un vrai travail de composition, il est de tous les plans du film», rappelle le réalisateur.

Comme pour toutes les annonces de mise en nomination, certaines absences se sont fait remarquer. Tout est parfait, d'Yves-Christian Fournier, a ainsi été retenu dans quatre catégories, dont celle du Jutra du meilleur scénario (pour Guillaume Vigneault) et celle de la meilleure réalisation, mais ne figure pas parmi les finalistes au Jutra du meilleur film.

«C'est ma grande surprise, commente Patrick Roy, président d'Alliance Vivafilm et distributeur de Tout est parfait. Bien sûr, il n'y a pas de système de votation parfait, mais c'est une surprise et même une déception. C'est la première fois qu'Alliance n'a pas de film finaliste dans la catégorie du meilleur film.»

Le déserteur, de Simon Lavoie, ne recueille que deux nominations (dont une pour Danielle Proulx à titre d'actrice dans un second rôle), tout comme Un été sans point ni coup sûr, de Francis Leclerc (pour le montage et la musique). Deux films de la relève remarqués par la critique, À l'ouest de Pluton, d'Henry Bernadet et Myriam Verreault, et Elle veut le chaos de Denis Côté, ont été ignorés des électeurs des Jutra. Papa à la chasse aux lagopèdes, de Robert Morin, a eu plus de chance: il est finaliste dans la catégorie meilleure réalisation.

Au total, 20 des 32 films admissibles ont eu droit à au moins une nomination.

Enfin, une présence peut susciter l'étonnement. Parmi les finalistes au Jutra de la meilleure actrice, aux côtés de Suzanne Clément (C'est pas moi, je le jure!), Guylaine Tremblay (Le grand départ) et Isabelle Blais (Borderline) on retrouve... Susan Sarandon! La célèbre comédienne américaine a fait, dans Emotional Arithmetic, une bonne impression parmi ses pairs. Reste à savoir si les organisateurs de la soirée des Jutra la sacreront meilleure actrice... au Québec. Réponse le 29 mars.