Un juge a rejeté mardi une requête du cinéaste français Roman Polanski de voir abandonner les poursuites qui le visent depuis trois décennies pour avoir eu des relations sexuelles avec une mineure de 13 ans, lors d'une audience publique en Californie.
   
Le juge de Los Angeles Peter Espinoza a toutefois suspendu sa décision jusqu'au 7 mai, afin de donner au cinéaste la possibilité de se présenter en personne devant la Cour.
   
Dans une déclaration favorable au réalisateur de Rosemary's baby, M. Espinoza a estimé «qu'il y a eu, apparemment, une faute professionnelle substantielle» de la part du parquet quand l'affaire a éclaté, en 1977.
   
C'était toute l'argumentation des avocats de Roman Polanski, qui avaient déposé en décembre dernier une demande pour obtenir l'abandon des poursuites contre leur client.
   
Ils affirmaient avoir mis au jour de nouvelles preuves montrant que le réalisateur, aujourd'hui âgé de 75 ans, n'avait pas bénéficié à l'époque d'une procédure pénale équitable.
   
Les défenseurs citaient un film documentaire récent, Roman Polanski: wanted and desired, qui décrivait «un ensemble de mauvais comportements et de communications entre la Cour et le bureau du procureur, en violation de l'égalité devant la loi».
    
Dans des conclusions écrites, le juge Espinoza a estimé que Roman Polanski n'a pas le droit d'obtenir satisfaction de ce tribunal tant qu'il reste en «fuite», mais le magistrat a ajouté qu'il «examinerait l'opportunité» d'une demande de rejeter les charges si Roman Polanski revenait dans le comté de Los Angeles.
   
Le magistrat a fixé une nouvelle audience au 7 mai.
   
Le parquet affirme depuis 30 ans qu'une audience ne peut pas avoir lieu en l'absence du cinéaste. Les avocats de ce dernier ont indiqué qu'il était peu probable qu'il revienne aux États-Unis, où, «criminel en fuite», il court le risque d'être arrêté à son arrivée.
   
Roman Polanski, né en France de parents polonais puis élevé en Pologne, avait plaidé coupable de «relations sexuelles illégales» après avoir été arrêté en 1977 à Los Angeles à la suite de la plainte des parents d'une adolescente de 13 ans.
   
Les faits s'étaient déroulés dans la demeure de Jack Nicholson à Hollywood. Selon la police, le réalisateur de Chinatown avait fait consommer de la drogue et de l'alcool à sa victime, avec laquelle il effectuait une séance de photos pour un magazine, avant de la violer.
   
Envoyé en «évaluation» en prison pendant trois mois, M. Polanski y avait passé 47 jours. Le 31 janvier 1978, au lendemain d'une réunion entre ses avocats et un juge lors de laquelle ce dernier avait laissé entendre qu'il allait le renvoyer sous les verrous, Roman Polanski avait pris un avion pour l'Europe.
   
La procédure courant contre lui à Los Angeles n'a jamais été annulée et le cinéaste n'a pas remis les pieds depuis plus de 30 ans sur le sol américain, ni pour recevoir l'Oscar du meilleur réalisateur qui lui a été décerné en 2003 pour Le pianiste, ni se recueillir sur la tombe de son épouse Sharon Tate, assassinée par des adeptes du gourou Charles Manson en 1969, alors qu'elle était enceinte de huit mois.