Ils ne sont ni beaux, ni jeunes, ni parfaits, mais cela ne les empêche pas de tomber amoureux. Matty et Johnny sont les héros amoureux d'une charmante surprise du cinéma belge, Moscow ,Belgium, dans laquelle les grands sentiments s'invitent dans les HLM.

Moscow Belgium a peu à voir avec les steppes russes. Prosaïquement, il s'agit du nom d'un quartier populaire et ouvrier de Gand, en Belgique. Le décor de cette comédie amoureuse et dramatique est d'emblée installé dans la grisaille, entre supermarchés et barres d'immeubles.

Le film rappelle toutefois plus l'univers de Robert Guédiguian que celui des frères Dardenne. « On a montré la pauvreté, mais c'est surtout une question de goût, d'anonymat : on ne l'a pas recherchée, tout le monde peut se reconnaître dans le film», plaide la comédienne Barbara Sarafian, rencontrée lors d'une visite à Montréal.

Barbara Sarafian prête ses traits à Matty, 41 ans, une mère de famille récemment plaquée par son amour de jeunesse démangé par le démon de midi. Lumineuse en personne, Barbara Sarafian donne à Matty un teint affecté par la grisaille et la tristesse environnante.

« J'ai essayé de comprendre une vie pareille : Matty veut autre chose. Elle veut de l'amour», explique Barbara Sarafian. « C'est une femme qui dit la vérité, c'est une femme qui n'a rien de caché», renchérit l'interprète de Johnny, Jurgen Delnaet.

Échanges musclés

Camionneur de son état, Johnny a lui aussi eu le coeur brisé par une femme. Quand il emboutit la voiture de Matty dans un stationnement de supermarché, il s'attache pourtant à séduire une femme plus âgée, mère de jeunes enfants. « Elle n'a plus de complexes, ça attire les gens», croit Barbara Sarafian.

Avec une histoire assez simple, le film offre des échanges verbaux assez musclés : Matty a le sens de la répartie. « C'est l'un des points forts du film, croit Jurgen Delnaet. C'était un bon scénario, mais en plus, les dialogues sont spirituels. Le scénario est très fin (de Jean-Claude van Rijckeghem et Pat van Beirs, NDLR). «

Présenté l'an dernier à Cannes, Moscow, Belgium est l'un des rares films belge et flamand à pouvoir se vanter d'un véritable petit succès à l'étranger. En dépit des succès des frères Dardenne ou celui, plus modeste, de Bouli Lanners, les professionnels du cinéma belge et flamand font face à beaucoup de précarité.

«Avoir fait un bon film n'est pas la garantie d'en faire un autre, constate Jurgen Delnaet. Mais ce n'est pas très grave pour moi : je travaille surtout pour le théâtre dans les Flandres.»