Depuis bientôt 30 ans, Catherine Frot s'amuse à jouer à saute-mouton entre drame et comédie. «J'aime autant l'un que l'autre. Je peux aisément passer de l'un à l'autre. J'ai même besoin de l'un et de l'autre.»

Fidèle à ce credo construit au fil d'une quarantaine de films et après l'amusant et léger Odette Toulemonde, d'Éric-Emmanuel Schmitt, la comédienne de 52 ans a enchaîné avec un thriller psychologique, L'empreinte de l'ange (à l'affiche la semaine prochaine).

Dans ce drame de Safy Nebbou (aucune affiliation avec le roman éponyme de Nancy Huston), Frot se glisse dans la peau d'une femme troublée par sa rencontre avec une fillette de sept ans, qu'elle considère être son enfant, mort jadis dans l'incendie de l'hôpital où elle avait accouché.

Du coup, c'est toute la vie d'Elsa (Frot), déjà fragile en raison de son divorce, qui sera virée sens dessus dessous. Et aussi celle de la mère de la gamine (Sandrine Bonnaire), qui prendra de plus en plus ses distances face à cette femme au comportement étrange.

«Ce qui m'a intéressé dans cette histoire, c'est la possibilité d'exprimer très peu sur la folie», explique-t-elle en entrevue au Soleil, à l'occasion des Rendez-vous du cinéma français à Paris, en janvier. «On ne sait jamais exactement à qui l'on a affaire. Cette femme est-elle folle ou normale? La ligne est très mince, et ce chemin étroit m'attirait. Il fallait conduire le spectateur par le bout du nez. C'était presque un exercice de style.»

La mémorable Yolande d'Un air de famille, de Cédric Klapisch, considère que ce rôle dramatique lui a permis de peaufiner davantage son art. «Pour un acteur, c'est très intéressant de savoir jusqu'où l'on peut aller pour créer le suspense. Il y avait un état, un sentiment à trouver. Le réalisateur a voulu traiter leur relation comme une lutte entre deux lionnes. (...) Je préfère mon rôle, car il est plus développé. Celui de Sandrine (Bonnaire) est passionnant, car il fait miroir, mais il arrive en seconde partie. Ce face-à-face est intéressant.»

Présentée comme l'actrice française la mieux rémunérée (après Josiane Balasko), selon un récent classement, Catherine Frot se laisse guider par son instinct pour le choix des rôles. Comédie ou drame, elle ne se pose pas la question. Seules comptent la qualité du scénario et la force des personnages. «Lorsqu'un personnage est bien écrit, bien présenté, c'est toujours plus facile d'avoir le désir de l'incarner. L'écriture compte beaucoup pour moi.»

Après le tournage de L'empreinte de l'ange, est-on étonné d'apprendre que la comédienne a craqué pour... une comédie, fantaisiste celle-là, Le crime est notre affaire, de Pascal Thomas, où elle partage la vedette avec André Dussolier. Lancé en octobre dernier à Paris, le film n'a pour l'instant aucune date de sortie prévue pour Québec.

Les frais de déplacement et de séjour à Paris ont été payés par Unifrance.