Si la débrouillardise et l'audace étaient des valeurs cotées en bourse, Charles-Olivier Michaud serait certainement millionnaire. Le jeune réalisateur et scénariste originaire de Saint-Romuald entreprendra la semaine prochaine le tournage de son premier long métrage, entièrement tourné à Québec. Qui plus est, en anglais et sans aucun denier public.

Le cinéaste de 29 ans, diplômé du Los Angeles Film School, a même réussi à convaincre un acteur de la télé américaine, Rhys Coiro, vu dans CSI et 24 Hours, ainsi que le comédien sénateur Jean Lapointe de sauter avec lui dans l'aventure de Til Snow Turns to Ashes, récit tragique d'une amitié entre deux photographes de guerre dans un pays d'Europe de l'Est ravagé par un conflit armé. David-Alexandre Coiteux (Lance et compte) incarne l'autre personnage principal, flanqué de la Torontoise Lina Roessler.«Rhys était mon premier choix, raconte-t-il. Il m'a appelé sur mon cellulaire, un matin, pour me dire que mon scénario l'avait fait tripper et qu'il voulait faire mon film.»

Polyglotte et aussi globe-trotter, Charles-Olivier Michaud est de cette génération qui aspire à tirer son épingle du jeu dans le village global promis par McLuhan, d'où sa décision de tourner son film en anglais, histoire «d'aller chercher le plus vaste public possible».

À contre-courant

Motus et bouche cousue sur le budget de son film, entièrement subventionné par le secteur privé et des commanditaires. «Je n'ai pas voulu attendre après les subventions. Surtout qu'il s'agit d'un premier film, alors peut-être ne seraient-elles jamais venues. On a décidé de mettre la main à la pâte. On a reçu de l'aide à gauche et à droite», mentionne-t-il.

Car Charles-Olivier n'est pas seul à ramer à contre-courant. Il a fondé une boîte de production (Neige et cendre) avec ses partenaires David-Alexandre Coiteux, Éric Mantion et Sandy Martinez. Le jeune cinéaste a également réussi à s'allier les services du directeur photo d'Horloge biologique et du Secret des gens heureux, Jean-François Lord.

Tout ce beau monde sera à pied d'oeuvre pour le premier clap du film, lundi. Le tournage se poursuivra jusqu'au 24 avril dans plusieurs coins de la région - Petit- Champlain, chutes Montmorency, plaines d'Abraham, Château-Richer... La beauté et les atouts de la capitale seront mis en valeur dans sa production, avance celui qui a grandi à l'ombre du pont de Québec.

Le jeune réalisateur rêve d'une sortie de son film au prochain Festival international de Toronto, en septembre. Si c'est le cas, il sera intéressant de voir jusqu'où son audace pourra ensuite le conduire...