Le Festival international du film sur l'art, qui se poursuit jusqu'au 29 mars, propose cette année 280 documentaires touchants diverses formes d'art : danse, musique classique, jazz, chanson, peinture, sculpture, architecture y compris aussi, dans certains cas, l'art de vivre de l'art.

Une seule personne au monde les a tous vus : René Rozon, le fondateur et directeur du FIFA depuis 27 ans. Aussi avons-nous décidé d'aller à la pêche avec lui. «Je ne les ai pas tous vus, précise-t-il, mais presque tous.» Et bien sûr, ils sont tous bons, sinon, ils ne seraient pas présentés au FIFA. Pour libérer le directeur de possibles problèmes de conscience, c'est nous qui avons fourni les cannes à pêche.

Quel est donc, selon lui, le film le plus populaire, le plus osé, le plus pointu lui avonsnous demandé, le prenant parfois au dépourvu. Il aurait voulu, bien sûr, citer tous les films dont vous trouverez les titres, les dates et les lieux de projection sur le site www.artfifa.com

> Le plus populaire

Mutantès, dans la tête de Pierre Lapointe

Incursion dans l'univers poétique du jeune auteur-compositeur-interprète qui a créé Mutantès pour le 20e anniversaire des FrancoFolies de Montréal, l'été dernier. Un spectacle auquel ont collaboré des comédiens et chanteurs et dont la mise en scène avait été assurée par Claude Poissant. Le réalisateur Éric Morin s'intéresse à ce qui se passe dans la tête de Pierre Lapointe, à ce qui motive ce «mutant» passionné d'art contemporain, de théâtre et de voyages.

Ce soir, 20h, à la Place des Arts et samedi 28 mars, 21h, à la Cinémathèque québécoise.

> Le plus pointu

Painted Black

Ce documentaire réalisé par Tessa Boerman, des Pays-Bas, s'intéresse à la représentation des Noirs dans la peinture hollandaise, depuis le Moyen-Âge jusqu'à aujourd'hui. Il insiste sur le XVIIe siècle, et s'intéresse particulièrement aux tableaux de Rubens où la présence des Noirs est exceptionnellement importante. Les spécialistes interrogés tentent de trouver l'explication de cette énigme.

Le samedi 28 mars, 16h, au Musée des beaux-arts de Montréal

> Le plus jazzé

The Jazz Baronness

La réalisatrice britannique Hannah Rothschild découvre dans son arbre généalogique une grand-tante dont elle ignorait l'existence. Elle part à la recherche de l'histoire trouble de cette femme qui fréquentait, soutenait et aimait les jazzmen noirs, mais aussi les chats. Il y en avait des centaines chez elle. Elle fut la maîtresse de Thelonious Monk, un des grands du jazz. Le nom de la baronne: Pannonica de Koenigswarter (1913-1988), une femme qui fit partie de la Résistance pendant la Deuxième Guerre mondiale et pilotait des bombardiers Lancaster.

Ce soir, 18h30, à la Place des Arts et le lundi 23 mars, 21h, au Goethe Institute.

> Le plus rock'n'roll

Mr Brown

Un portrait «rythmé» de James Brown (1933-2006), ce musicien autodidacte qui fut, malgré lui, un porte-parole de la cause des Noirs aux États-Unis en plus d'avoir un talent exceptionnel. Le réalisateur français Philip Priestley y raconte sa vie depuis son enfance pauvre en Caroline-du-Sud jusqu'à sa mort, en passant par ses moments de gloire et de déchéance.

Ce soir, 21h, au Cinéma ONF et le samedi 28 mars, 18h30, Cinéma ONF

> Le plus drôle

Good Ol' Charles Schulz

Difficile de trouver quelque chose de drôle au FIFA, c'est Rozon qui le dit, mais le plus léger est ce Good Ol' Charles Schulz. On connaît tous Peanuts, la bande dessinée la plus populaire du monde, et ses personnages de Charlie Brown, Lucy et Snoopy, entre autres. L'auteur, homme discret et timide, est moins connu. Il aurait projeté ses propres problèmes d'ordre psychologique sur ses personnages. Son succès repose sans doute sur le fait que les problèmes de Schulz sont aussi les nôtres. Le film est réalisé par l'Américain David Van Taylor.

Ce soir, 13h30, au Cinéma ONF et le samedi 28 juillet, 13h30, au Musée des beaux-arts de Montréal.

> Le plus osé

Peep Show

Cette pièce créée par Marie Brassard et interprétée par elle au théâtre était sobre à l'origine. Transposée au cinéma, elle est beaucoup plus osée. Elle entre plus directement dans les fantasmes et les passions secrètes de divers personnages. Un film troublant signé Raymond Saint-Jean.

Mardi 24 mars, 21h, au Cinéma ONF et samedi, 28 mars, 21h, au Cinéma ONF

> Le plus savant

Wonders are Many: The Making of «Doctor Atomic»

Disons plutôt le plus fort, comme le préfère Rozon. Mais aussi le plus sombre. Doctor Atomic est le titre d'un opéra créé par Peter Sellers, le metteur en scène britannique bien connu, et le compositeur John Adams. Le réalisateur Jon Else suit les deux hommes dans l'élaboration de cet opéra «engagé» qui vise à faire réfléchir sur les armes nucléaires. Le témoignage de Robert Oppenheimer, l'inventeur de la bombe atomique, est troublant. Était-il vraiment nécessaire de bombarder le Japon qui était sur le point de capituler ? demande-t-il.

Demain, 13h30, au Cinéma ONF et le jeudi 26 mars, 18h30, au Coeur des sciences de l'UQAM

> Le plus coloré

Mort à Venise: un voyage musical avec Louis Lortie

Dans ce film qui a fait l'ouverture du festival jeudi soir, le jeune réalisateur Mathieu Roy tente de reproduire les images que la musique éveille chez Louis Lortie quand il interprète les oeuvres de compositeurs séduits par Venise. Images impressionnistes, abstraites, images de mouvements ondoyants, circulaires... Mais le sujet reste Louis Lortie, qui partage avec les spectateurs ses connaissances sur Venise, sur les musiciens et sur la musique rendue plus fluide par Venise.

Demain, 16h, au Musée des beaux-arts et le mercredi 25 mars, 21h, au Musée d'art contemporain

Aussi Pierre et le Loup, ajoute Rozon. Très beau film d'animation adapté du conte musical pour enfants de Prokofiev que propose Suzie Templeton.

Aujourd'hui, 13h30, au Cinéma ONF et samedi 28 mars, 13h30, au Musée des beaux-arts

> Le plus chantant

Félix

Voici une catégorie créée par Rozon pour pouvoir parler du film de Jean-Claude Labrecque consacré à Félix Leclerc. Un bijou, dit-il. Qui, mieux que Labrecque, peut parler en connaissance de cause de notre poète chantant? Le réalisateur a suivi de près la carrière de Félix Leclerc depuis 1967 et est resté fasciné par la voix du conteur disparu en 1988. Pour le 20e anniversaire de la mort de Félix, Labrecque le ramène parmi nous. Un portrait intime et chaleureux, nous dit-on.

Ce soir, 21h, à la Place des Arts et le vendredi 27 mars, 21h, à la Cinémathèque québécoise

> Le plus classique

Les quatre films consacrés à Herbert Von Karajan

Voilà donc quatre films rassemblés à l'occasion du 20e anniversaire de la mort de l'un des plus grands chefs d'orchestre du XXe siècle, qui fut directeur de l'Orchestre philharmonique de Berlin et de l'Opéra de Vienne, entre autres. Comment il est devenu aussi célèbre, son intérêt pour le cinéma et la télévision, sa personnalité controversée (son adhésion au parti nazi, son goût du luxe, son sens des affaires... mais aussi sa recherche de la perfection. (Maestro, maestro!, de Patricia Plattner (1988); Karajan, le culte de l'image, de Goerg Wübbolt (2008); Karajan intime de Franck Chaudemanche (2008); Karajan in Salsburg, de Peter Gelb, Susan Froemke et Deborah Dickson (1988).