Le cinéaste et vidéaste Robert Morin s'est vu remettre cette semaine le Prix du gouverneur général en arts visuels et arts médiatiques.

Fondateur de la Coop vidéo, il secoue depuis plus de 25 ans la cinématographie québécoise. Son plus récent film, Papa à la chasse aux lagopèdes, inspiré par le scandale Norbourg, a connu un succès critique.

La Presse l'a joint à Ottawa, où il est allé recueillir son prix cette semaine avant de s'envoler pour le Burundi, où il tournera son prochain film.

Ne le cherchez pas demain, dans la foule au gala des Jutra, où il est en nomination pour la meilleure réalisation. «Je ne crois pas à ce système de votation. La preuve: je suis en nomination et personne n'a vu mon film! C'est juste une excuse pour faire un show de télé», dit Morin.

Q : Quelle signification a le Prix du gouverneur général pour vous?

R : C'est une excellente question! Curieusement, c'est pas la reconnaissance. L'effet, c'est de m'arrêter temporairement pour penser à tous les gens qui m'ont aidé depuis 30 ans. Ça me fait beaucoup réfléchir, notamment à tous ceux qui m'ont donné du temps gratuit : il y a au moins 1000 personnes!

 

Q : Vous êtes le seul Québécois récompensé cette année par un Prix du gouverneur général. Est-ce que cela revêt une importance particulière pour vous?

R : Non! Il y a une grande part de hasard là-dedans. C'est un peu comme n'importe quel prix : c'est une loterie. C'est évident qu'il y a deux mondes au Canada chez les artistes. Les artistes anglophones ont leurs références : c'est un monde. Moi, dans mon monde, je suis un peu à part. Ça fait un party un peu plus solitaire (rires). Je pourrais me joindre à eux, je n'ai pas beaucoup leurs références, mais on a quand même du plaisir à discuter.

Q : Votre plus récent film aborde le scandale de la finance. La liberté de ton que vous y avez, le sujet du film diffèrent beaucoup du décorum entourant le Prix...

R : C'est quand même pas la gouverneure générale qui me remet ça. Elle délègue le tout au Conseil des arts et, moi, j'ai eu des projets qui sont bien passés avec eux. Je fais des choses qui plaisent, j'ai mon mot à dire, c'est pas du cinéma conventionnel, sinon je ne serais pas retenu! Le Conseil des arts valorise l'avant-garde : moi, je suis dans les musées beaucoup plus que dans les salles de cinéma.

Q : Le Prix est assorti d'une bourse de 25 000 $. Qu'allez-vous en faire?

R : Un chèque de 25 000 $, c'est sûr que ça fait du bien. Ça va me permettre d'être moins sous pression. D'écrire cet été. Ça va m'aider à faire une autre p'tite vue, cette affaire-là...

Q : Vous avez un nouveau projet, Journal d'un coopérant?

R : Je tourne au Burundi, avec l'aide exclusivement de la SODEC. On a six semaines de tournage, du 15 avril à la fin du mois de mai. Le Burundi, c'est le paradis terrestre, j'ai un copain qui vit là et qui va m'aider pour le film.