La star de Twilight, le réalisateur de Superbad et le mari de Scarlett Johansson: la force d'attraction d'Adventureland est grande, contrairement à celle du parc... d'attractions, désuet, dans lequel se déroule cette comédie. Rencontre en force G.

«L'été n'a pas été aussi mauvais que ça... mais je ne l'ai pas fini avec une fille aussi belle que Kristen», rigole Greg Mottola quand on le questionne sur la portion de vérité dans Adventureland, la comédie (semi) autobiographique qu'il a écrite et réalisée, dans laquelle il «raconte» l'été où, avant d'entrer à l'université, il a travaillé dans un parc d'attractions.

Rencontré à Los Angeles à quelques semaines de la sortie de son premier film après Superbad, il se dit heureux d'avoir pu ainsi passer d'un film de studio à un film indépendant. Dans ses rêves, il continuerait ainsi. D'autant plus qu'il a réussi, dans un cas comme dans l'autre, à placer devant sa caméra les personnes qu'il désirait... même si, pour ce qui est d'Adventureland, il a eu un moment d'hésitation avant de proposer les rôles principaux aux acteurs dont il rêvait pourtant dans l'absolu.

Dans la peau de son alter ego, un jeune intello appelé James qui se retrouve, à cause du revers de fortune de sa famille, à passer l'été à tirer sur des joints (un peu) dans un parc d'attractions, entre les gamins qui vomissent et les gens qui trichent aux arcades: Jesse Eisenberg. Un jeune comédien au sourire craquant qui affiche une mine vulnérable à la Michael Cera. «Mais j'avais déjà incarné à l'écran une «version» plus jeune du réalisateur qui me dirigeait et ça chicotait Greg», note Jesse Eisenberg. C'était pour The Squid and the Whale de Noah Bombach. Mais au bout du compte, ça n'a pas été suffisant pour refroidir complètement Greg Mottola.

Face à James, Em, une jeune fille indépendante qui vit une relation compliquée avec un homme marié. Pour l'interpréter, Kristen Stewart. Laquelle, quand le réalisateur l'a approchée, n'était pas encore «la star de Twilight». «J'ai pensé à elle tout de suite, mais ma crainte, c'est qu'elle était plus jeune que le personnage. Or, elle incarne le pivot dramatique du film. Ça n'a finalement pas été un problème. Cette fille est une actrice incroyable et en plus, elle possède un détecteur de conneries.»

Côté maturité, elle en a d'ailleurs impressionné plus d'un - dont Ryan Reynolds, qui incarne son amant marié (mais pas à un clone de Scarlett Johansson, que le comédien canadien a épousée il y a quelques mois).

«Il y a l'âme d'une vieille dame pleine de sagesse dans ce corps de jeune fille», dit l'acteur pour résumer ce qu'il pense de sa partenaire dans cette comédie indépendante qui prend l'affiche quelques semaines avant X-Men Origins: Wolverine, où il incarne le mutant Deadpool; et The Proposal, une comédie romantique dans laquelle il donne la réplique à Sandra Bullock.

«Je n'ai jamais connu de tsunami de gloire... comme Kristen avec Twilight, par exemple, et d'une certaine manière, je vois ça comme une chance, poursuit-il. Je peux naviguer d'un genre à l'autre, d'un genre de personnage à un autre.»

De Mike, le réparateur de manèges qu'il incarne ici et dont la gloire vient du fait qu'il gratte la guitare et qu'il aurait un jour jammé avec Lou Reed. «Il est le plus gros poisson dans une flaque d'eau, finalement», pouffe-t-il.

À noter que la référence à Lou Reed n'est pas accidentelle: l'interprète de Walk on the Wild Side est l'idole de James, qui a grandi en l'écoutant. Et l'écoute encore en 1987. Parce que Greg Mottola a décidé qu'il ne rendrait pas le récit d'Adventureland contemporain. «Aujourd'hui, les parcs d'attractions font partie de chaînes et n'ont plus ce côté «broche à foin» que certains pouvaient avoir dans les années 80», affirme-t-il.

Kristen Stewart, elle, va plus loin. Selon elle, Em ne pourrait pas exister aujourd'hui. «Elle peut en quelque sorte se réinventer elle-même en fonction de la personne avec qui elle se trouve, se cacher physiquement et moralement. Ce qui est beaucoup plus difficile à faire aujourd'hui où tout le monde a accès à vous en tout temps... entre autres, parce que toutes vos pensées se trouvent dans les ordinateurs de tout le monde grâce à Facebook, à Twitter, etc.», dit celle qui, à 18 ans, n'est absolument pas une adepte de ce genre «d'échanges superficiels»: «J'aime ceux et ce que je peux toucher.»

Là s'exprime peut-être «l'âme de la vieille dame pleine de sagesse» que Ryan Reynolds évoquait plus tôt.

Adventureland (v.f.: Adventureland) prend l'affiche aujourd'hui. Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Maple Pictures.