«Dès que nous avons décidé d'explorer les origines de l'Enterprise et de son équipage, nous savions que la chose la plus importante serait d'avoir la bonne distribution», indique J.J. Abrams. Il a raison: le capitaine James T. Kirk et M. Spock sont parmi les plus reconnaissables des personnages créés au XXe siècle. De véritables stars dans la galaxie pop.

«Il fallait des acteurs qui puissent endosser ces rôles célèbres sans imiter les acteurs originaux; et qui, dans leurs interactions, arrivent à recréer l'énergie qui émanait des relations qu'avaient entre eux les personnages tels que créés par Gene Roddenberry», poursuit le réalisateur.

C'était particulièrement important pour le triumvirat qui règne sur l'oeuvre fondatrice: Kirk, Spock et McCoy. William Shatner, Leonard Nimoy et DeForest Kelley ont ainsi été «remplacés» par Chris Pine (Smokin' Aces), Zachary Quinto (Sylar dans Heroes) et Karl Urban (The Lord of the Rings). Pas des acteurs très connus, et c'était une volonté de la production afin de faciliter la transition.

J.J. Abrams croyait que le plus difficile à trouver serait le remplaçant de Leonard Nimoy. «Mais dès que j'ai vu Zachary Quinto, j'ai su que nous avions notre Spock. C'est pour recruter un nouveau Kirk que nous avons eu de la difficulté.»

La production a vu beaucoup d'acteurs en audition pour ce rôle qui nécessitait un comédien de belle prestance pouvant dégager quelque chose de frondeur, jouer les séducteurs, avoir l'autorité d'un capitaine, et ce, sans manquer d'humour.

Et la description de tâche ne s'arrêtait pas là: «Il fallait, pour Kirk et pour les autres, qu'ils puissent livrer le texte de façon crédible... jusque dans les dialogues pleins de technoblabla. C'est là que plusieurs, malgré tout leur talent, s'effondraient», fait Alex Kurtzman, qui signe le scénario avec Roberto Orci.

Un scénario naviguant dans la jeunesse de James T. Kirk, qui a grandi dans les plaines de l'Iowa, orphelin de père, rebelle, révolté; et Spock, né de père vulcain et de mère humaine, déchiré entre la logique d'une race et les émotions de l'autre.

Deux «hommes» que tout sépare, mais assez intelligents pour comprendre que le meilleur d'eux-mêmes, c'est en travaillant l'un avec l'autre et non l'un contre l'autre qu'ils l'obtiennent.

C'est ce qu'on appelle une équipe. Et un équipage. Voici d'ailleurs celui qui se trouve maintenant sur le pont de l'Enterprise.

LE CAPITAINE JAMES T. KIRK

1966: William Shatner
2009: Chris Pine

William Shatner n'a pas apprécié d'être laissé de côté pour ce nouveau film. J.J. Abrams a affirmé lui avoir offert une apparition dans le long métrage; l'acteur affirme n'en avoir jamais entendu parlé.

Bref, le capitaine Kirk d'origine et les nouvelles troupes de l'Enterprise n'ont eu aucun contact jusqu'à la semaine dernière, où plusieurs artisans du film ont participé à un souper-bénéfice organisé par Shatner.

«J'espère avoir l'occasion de le rencontrer encore... maintenant que le travail est fait, indique Chris Pine. J'aurais trouvé difficile de l'avoir eu à mes côtés pendant le tournage, je me serais senti moins libre.»

SPOCK

1966: Leonard Nimoy
2009: Zachary Quinto/Leonard Nimoy

Leonard Nimoy, lui, a un rôle dans ce 11e Star Trek. «À travers la performance de Zachary et la mienne, on boucle la boucle du personnage, note le vétéran acteur. Il joue un être en conflit entre les émotions et la logique. J'interprète celui qui a résolu ce conflit.»

Quant au comédien qui joue le jeune Spock, il rappelle avoir grandi avec The Next Generation: «J'étais peu familier avec la série originale. Ce qui m'a aidé le plus, dans ma préparation pour le rôle, c'est Leonard: il a répondu à toutes mes questions», fait Zachary Quinto, qui a eu à travailler sa retenue, son calme... et sa «main droite pour faire le salut vulcain».

LE DR LEONARD McCOY

1966: DeForest Kelley
2009: Karl Urban

Si tous les acteurs qui occupent à présent le pont de l'Enterprise font vraiment écho à leurs prédécesseurs, c'est particulièrement vrai de Karl Urban qui, même sans ressembler physiquement à feu DeForest Kelley, distille de troublante façon le cynisme du personnage et ses manières d'être en compagnie de Spock et de Kirk.

On est à des années-lumière de l'imitation. «Vous ne pouvez imaginer combien je voulais ce rôle. J'ai toujours été un fan de la série et ç'a été surréaliste, pour moi, de me retrouver à bord de l'Enterprise», affirme celui sur lequel le film lève un certain voile: pourquoi Kirk l'appelle-t-il Bones?

UHURA

1966: Nichelle Nichols
2009: Zoë Saldana

La magnifique Zoë Saldana n'a jamais «embarqué» sur l'Enterprise en tant que fan. «Mais j'ai toujours su qui était Nichelle Nichols», assure la comédienne en faisant référence à la seule femme ayant un grade élevé dans l'équipage original.

Un rôle si important pour la communauté afro-américaine que Martin Luther King en personne aurait téléphoné à l'actrice quand elle avait été tentée de quitter la série!

«Mais selon moi, continue Zoë Saldana, ce rôle a été important pour toutes les femmes, pas seulement pour celles de couleur. Uhura a monté dans la hiérarchie, elle est compétente, elle est sexy et ne s'en excuse pas.»

CHEKOV

1966: Walter Koenig
2009: Anton Yelchin

En pleine guerre froide, la présence d'un Russe à bord de l'Enterprise disait un monde utopique où les humains auraient appris à vivre en paix. «Je ne connaissais pas la série mais en vue de l'audition, j'ai regardé avec passion la première saison», dit Anton Yelchin.

Qui a probablement, en fait, vu la deuxième, celle où Chekov fait son entrée sur le pont (comme le savent les trekkies). Il était alors incarné par Walter Koenig, qui a conseillé à son remplaçant de s'approprier le personnage. «Ce que j'ai fait, en misant sur le comique de ce gars qui est un génie mais n'a que 17 ans. J'ai joué sur sa naïveté, sa maladresse.»

SULU

1966: George Takei
2009: John Cho

«Ne t'inquiète pas avec ça: bientôt, c'est moi qui vais me faire appeler le vieux John Cho», a rigolé George Takei quand le Harold d'Harold et Kumar lui a dit combien il était nerveux de chausser les chaussures de Sulu, l'as pilote de l'Enterprise, aussi calé en physique qu'en Alexandre Dumas et en escrime.

«J'avais flirté avec l'idée de l'imiter et soudain, ça m'est apparu comme une très mauvaise idée», fait le comédien, heureux d'être de cette aventure qui «porte à l'écran un groupe de personnes de nationalités, de races et même d'espèces différentes qui partent en mission de paix. Ça reste cool, même aujourd'hui.»

«SCOTTY»


1966: James Doohan
2009: Simon Pegg

L'arrivée de Montgomery Scott, dit Scotty, à bord de l'Enterprise, telle que vue par les scénaristes de ce Star Trek, en dit long sur la relation... fusionnelle du personnage avec le téléporteur et la salle des machines!

Absent des conférences de presse tenues à Los Angeles, l'acteur britannique (qui a pris «des cours d'accent écossais» auprès de son épouse) aurait, dans un premier temps, refusé le rôle autrefois tenu par feu James Doohan: «J'ai peur de ne pas être à la hauteur», a-t-il écrit à J.J. Abrams... pour aussitôt lui renvoyer un autre courriel, lui demandant du temps pour réfléchir. Il a eu la bonne idée de changer d'idée.

NERO

Eric Bana

Il est le seul «nouveau» personnage principal de Star Trek: Nero, un Romulien en quête de vengeance. Et qui dit Romulien dit prothèses et maquillage.

Là-dessous, Eric Bana est méconnaissable. Mais c'est lui qui, malgré le côté sombre de son rôle, se fait le porte-parole de la vision positive que porte l'univers créé par Gene Roddenberry:

«Aujourd'hui, on ne peut aller voir Batman ou Hulk avec un enfant. Ce sont des mondes trop violents, des personnages trop torturés. Mais quand nous, nous étions enfants, ces univers s'adressaient à nous. Star Trek permet un retour à ça, c'est un film qui peut fort bien être vu par les plus jeunes.» En effet.

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Star Trek prend l'affiche le 8 mai, en anglais et en français.
Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Paramount Pictures.