Trouver le financement d'un long métrage dans un sac de croustilles, ce n'est pas donné à tout le monde. C'est pourtant la chance qui attendait le Sherbrookois Charles Muzard et le reste de l'équipe de Boo Ya Productions, quelque part dans le détour. Avec leur concept publicitaire intitulé Screem Cheese, ils ont remporté le concours pancanadien lancé par Doritos... et une bourse de 25 000 $.

C'est le patron de la petite compagnie, Ryan Coopersmith, qui a d'abord proposé trois idées pour baptiser une nouvelle saveur de croustilles. «J'ai rencontré Ryan à l'Université Concordia. Il travaille régulièrement aux États-Unis, notamment sur les films d'Adam Sandler. Il est arrivé avec trois idées de noms, et avec notre imagination un peu débile, nous avons planché là-dessus», explique Charles Muzard qui, pour le projet, a agi à titre de coréalisateur et comme directeur photo.

À la recherche de visibilité, de défis et de financement, les huit complices de Boo Ya participent à tous les concours qui les interpellent. «On trouvait que Doritos nous sied bien. Nous sommes jeunes, un peu attardés, et nous nous sommes lancés là-dedans pour nous amuser. Le prix en argent était une motivation, mais c'était a shot in the dark.»

Toujours est-il qu'avec un budget de 200 $ au total, l'équipe aux inspirations pour le moins originales a soumis quatre concepts différents. Celui de Screem Cheese, sélectionné parmi les cinq finalistes, a été soumis au vote du public.

 

«Déjà, nous commencions à avoir une certaine affluence sur notre site web parce que nous avions fait une parodie des frères Jonas. Nous en avons donc profité pendant le concours. Nous nous sommes aussi promenés d'université en université, en distribuant des dépliants pour que les gens aillent voter. J'ai même interrompu des cours à Concordia. Je n'ai pas toujours été bien reçu, mais ç'a fonctionné», ajoute l'étudiant en production. À ce jour, la pub a été visionnée plus de 180 000 fois sur You Tube.

La vague du succès a effectivement vite fait d'emporter l'équipe de Boo Ya Production, qui, grâce au chèque de 25 000 $ remis aux vainqueurs, détient tout à coup le budget de ses rêves. «Nous toucherons aussi 1 % des ventes des croustilles Screem Cheese de Doritos. À titre d'exemple, la chip qui a été la moins populaire sur le marché a été sur les tablettes pendant cinq ans et rapportait 75 000 $ annuellement.»

Un financement inespéré, effectivement, pour une compagnie qui a établi ses « bureaux » dans le sous-sol du patron. Ces liasses qui tombent presque du ciel, Charles Muzard et ses complices comptent les convertir en long métrage. «Nous planifions l'écriture pour bientôt. Je pense que nous allons donner dans la comédie tout en gardant une qualité visuelle qui se rapproche du vrai cinéma. Et on ne s'en cache pas, on veut partir le plus rapidement possible.»

Partir pour Hollywood, rien de moins. «Nous avons une bonne idée de la façon dont ça se passe de l'intérieur. Des contacts pour des acheteurs potentiels aussi. Mais pour l'instant, le Canada nous va bien. Nous bénéficions d'un capital de sympathie immense. Nous avons déjà fait plusieurs sketchs et nous avions gagné un concours sur You Tube. Un de nos vidéoclips humoristiques a été le plus vu au Canada il y a deux semaines. Et un de nos vidéos s'est retrouvé en page d'accueil d'un site allemand que nous ne connaissions pas.»

Enfin, Charles Muzard compte bien revenir à Sherbrooke au courant de l'été pour tourner un court métrage. En attendant, une immense fête est prévue prochainement à Montréal, en compagnie de l'équipe de Musique Plus, pour remercier tous ceux qui ont voté. Les détails seront fournis bientôt sur la page Facebook de Boo Ya. Entretemps, la marque Screem Cheese de Doritos devrait être commercialisée en région dans les prochains jours.