Le mois dernier, lors de l'annonce des films retenus pour la compétition officielle de Cannes, le délégué général Thierry Frémaux proclamait que «les vieux singes vont faire de belles grimaces» cette année, en parlant des réalisateurs d'expérience qui allaient débarquer en force sur la Croisette.

Le doyen de ce groupe de cinéastes primates, Alain Resnais, 86 ans, s'est offert des grimaces pour le moins stériles et pompeuses, mardi soir, avec Les herbes folles, adaptation du roman de Christian Gailly. Dire qu'on avait hâte de sortir de la salle est un euphémisme.

L'histoire est à la fois très simple et surtout très ennuyante. Après avoir rapporté à la police un portefeuille égaré, un homme marié (André Dussolier) fait une fixation sur sa propriétaire (Sabine Azéma), une dentiste aviatrice, qu'il poursuit de ses avances.

Une fois monsieur calmé, c'est madame qui fait une fixation sur lui. Un drôle de jeu qui tourne en rond et vous fait taper sur votre montre pour voir si elle fonctionne toujours.

 

Le vétéran Resnais fait dans l'épate avec sa caméra (certaines trouvailles sont ingénieuses), mais ciel que tout cela ne veut rien dire devant un scénario qui se cherche sans jamais se trouver.

Faute de pouvoir s'accrocher à quelque chose, on pense à tout, surtout aux détails. L'âge des personnages, par exemple. Un policier décrit Dussolier comme un homme de 50 ans. En réalité, il en a 13 de plus.

Dussolier se dit marié depuis 30 ans. Ça lui donnait alors 33 ans et sa femme (Anne Consigny), à peine 16. Mettons.

Ce sont des petits riens, mais au cinéma, l'ennui est souvent la mère de toutes les divagations.