Si vous l'avez vu à Tout le monde en parle au début du mois, vous avez certainement été frappé par sa tignasse. Il arbore, tel un accessoire à la mode, une imposante mèche rebelle qui mange une partie de son visage d'adolescent.
Puis, en l'écoutant, vous avez probablement été surpris par son front. Et sa tête. Du front, il en a tout le tour de la tête.
À la télé, Xavier Dolan, du haut de ses 20 ans, semblait vaguement poseur et un brin prétentieux. Mais de toute évidence doué et ambitieux.
Cette ambition hors de l'ordinaire, c'est mon collègue Marc Cassivi qui, le premier, en avait parlé. Dans un article publié une semaine plus tôt. En entrevue, le jeune Dolan lui avait confié qu'avant même d'avoir terminé son premier film, il avait décidé qu'il irait le présenter à Cannes. Rien de moins.
Or, cette semaine, Xavier Dolan a atteint cet objectif. Mieux: lundi, son film, J'ai tué ma mère, était chaleureusement accueilli à Cannes.
Le jeune homme est instantanément devenu une vedette. Il a été qualifié de jeune surdoué par le quotidien français Le Figaro. Et les droits de sa comédie dramatique ont été achetés par une vingtaine de pays
Or, hier, cerise sur le gâteau, on apprenait que le film a été récompensé par trois des quatre prix décernés dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes.
«Ces trois prix-là, c'est le paradis terrestre», a-t-il affirmé, ému, lors d'un bref entretien téléphonique.
Est-ce parce qu'il a eu du front que tout ce qu'il touche paraît aujourd'hui se transformer en or? «Ce que je sais, c'est qu'il faut surtout avoir foi en ses rêves et réaliser que la vie vaut la peine d'être vécue», a précisé le jeune homme, cette fois fort modeste.
Et d'ajouter qu'il laisse à d'autres le soin de dire si c'est son ambition qui lui a permis d'aboutir à Cannes. Et de réaliser ce tour du chapeau aussi étonnant que remarquable.
On saura demain si le film de Xavier Dolan décrochera la Caméra d'or, qui récompense le meilleur premier long métrage présenté au festival. Mais peu importe dorénavant s'il obtient ou non cette ultime récompense. Il vient déjà d'accomplir tout un exploit.
«C'est la plus belle semaine de ma vie», nous a-t-il dit. Comment ne pas le croire sur parole!