Moins de faste, moins de champagne, moins d'invités, des dîners plus privés que jamais plutôt que des «parties» à 1000 «happy fews»: crise économique oblige, les nuits réputées du Festival de Cannes ont joué cette année un cran nettement en-dessous.

Si la plupart des budgets ont été revus à la baisse, les festivaliers ne se sont pas nécessairement moins amusés avec des fêtes plus simples et plus conviviales, à l'image du karaoké organisé pour le film en compétition Carte des sons de Tokyo.

Même si un vignoble catalan, sponsor du film, avait offert ses productions pour la fête, le champagne était réservé aux vrais VIP.

Pour Cédric Couvez, spécialiste de la nuit au quotidien 20 Minutes, «il y a eu beaucoup moins de délires cette année, avec des mises en scène minimalistes. Il n'y a pas eu la «fête de fous», mais on a vu arriver pas mal de petites fêtes à budgets limités, mais très sympas», estime-t-il.

«Même dans les showrooms de luxe, c'était plutôt café et sodas que le champagne habituel», souligne Nora Sahli du magazine VSD. «Les coupes budgétaires étaient flagrantes. On n'a pas eu droit à des feux d'artifices privés, pas exemple», note Hubert Lizé du journal Le Parisien.

«Avec la crise comme prétexte, la gratuité ou l'échange-marchandise a été le maître-mot cette année», résume une spécialiste de l'événementiel à Cannes qui a requis l'anonymat, estimant la baisse du chiffre d'affaires des fêtes pendant le festival «à plus de 30 %».

«Le risque est que cela crée un précédent: les donneurs d'ordre risquent de s'être habitués à tirer les prix», s'inquiète-t-elle.

Canal+ aura signé toutefois la fête la plus enlevée en forme de «garden party» chic, mais dans une villa appartenant à la municipalité, moins coûteuse, et en véhiculant ses invités dans les bus de transport en commun.

Le joaillier Chopard, qui habituellement convie 1500 invités sous une tente de luxe, s'est rabattu sur un restaurant branché avec moitié moins d'invités.

Pas de méga-fête non plus pour Johnny Hallyday et le film Vengeance de Johnnie To dont il est le héros : un dîner de 80 couverts a fait l'affaire.

Quant à Almodovar et Pénélope Cruz, ils ont fêté Étreintes brisées sur une plage, très loin des délires de la fête pour La mauvaise éducation en 2004.

Proposant des soirées «clés en mains», les villas privatisées par de grandes enseignes ont vu fondre le budget de leurs clients. La star Mariah Carey a quand même pu fêter son film Precious à la Villa Murano.

Le VIP Room, satellite cannois du célèbre club parisien, a fait le plein de fêtes et de clients, avec une autre approche: pour voir les stars, le public paie ses consommations.

La bienfaisance n'a pas été épargnée par la crise. Le gala de l'amfAR, la fondation américaine pour la recherche contre le Sida, a enregistré pour la première fois une chute considérable des dons. Malgré sa fougue, l'actrice Sharon Stone, qui y joue les commissaires priseurs, n'a récolté que 3,23 millions euros, deux fois moins que l'an dernier.